Top 5 des plus grandes économies africaines en 2025 : l’Algérie (3ᵉ) devance le Maroc (5ᵉ)


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Croissance économique
Croissance économique

L’Afrique va franchir un cap symbolique en 2025 avec un PIB continental dépassant les 3 100 milliards de dollars, selon les dernières données de The African Exponent. Cette performance remarquable témoigne d’une transformation structurelle profonde, où la stabilisation monétaire, les réformes fiscales et l’intégration régionale prennent le pas sur la seule volatilité des matières premières.

Les cinq géants économiques du continent illustrent parfaitement cette nouvelle dynamique africaine, portée par l’industrialisation domestique, les services financiers, les infrastructures et l’essor du commerce intra-africain dans le cadre de la Zone de libre‑échange continentale africaine (ZLECAf).

1. Afrique du Sud : première économie africaine en 2025

Avec un PIB de 410,34 milliards de dollars début 2025, l’Afrique du Sud reste la première économie africaine, une position qu’elle consolide grâce à la sophistication de ses marchés financiers et à sa base industrielle diversifiée.

La stabilisation du réseau électrique d’Eskom marque un tournant décisif pour l’économie sud‑africaine. Après des années de délestages paralysants, la reprise de la production électrique a stimulé la productivité industrielle et restauré la confiance des entreprises, particulièrement dans les secteurs minier et automobile.

Le programme Operation Vulindlela, mené conjointement par la Présidence et le Trésor national, accélère les réformes dans les secteurs stratégiques. Le pays attire désormais plus de 10 milliards de dollars d’IDE en 2024, principalement dans les énergies renouvelables et les technologies financières, confirmant son statut de hub continental pour l’innovation et la finance.

2. Égypte : puissance industrielle de l’Afrique du Nord

L’économie égyptienne, évaluée à 475,23 milliards de dollars début 2025, s’impose comme la deuxième force économique du continent. Sa résilience repose sur une diversification remarquable, où les secteurs chimique, textile et des technologies de l’information compensent largement les chocs externes.

La Zone économique du canal de Suez attire à elle seule plus de 12 milliards de dollars de nouveaux engagements d’IDE dans la logistique, l’hydrogène vert et l’industrie manufacturière.

L’initiative Decent Life transforme les zones rurales égyptiennes, créant des emplois tout en modernisant les infrastructures. Cette approche équilibrée entre transformation dirigée par l’État et libéralisation du marché propulse les exportations égyptiennes à un record de 52 milliards de dollars en 2024.

3. Algérie : géant énergétique en pleine mutation

Avec un PIB de 268,89 milliards de dollars en 2025, l’Algérie occupe la troisième place des économies africaines. Sa position stratégique comme fournisseur gazier de l’Europe lui confère une stabilité fiscale enviable, avec des réserves de change proches de 69 milliards de dollars.

Le Plan de relance économique 2025‑2030 vers l’industrialisation domestique. Sonatrach investit massivement dans le raffinage et la pétrochimie, notamment à travers l’expansion de la raffinerie de Skikda et le complexe pétrochimique d’Arzew, pour capter davantage de valeur ajoutée localement.

Enfin, l’Algérie mise également sur les énergies renouvelables avec un objectif ambitieux de 15 000 MW de capacité solaire d’ici 2035. Les premiers 3 000 MW sont déjà en cours de développement, positionnant le pays comme un futur hub industriel nord‑africain au‑delà des hydrocarbures.

4. Nigeria : une grande économie africaine en résilience

Le PIB du Nigeria s’établit à 188,27 milliards de dollars en 2025, maintenant sa quatrième position continentale malgré les ajustements liés aux réformes monétaires. La baisse nominale du PIB résulte principalement de la dévaluation du naira suite à l’unification des taux de change, mais l’économie réelle montre des signes encourageants de reprise.

Les réformes macroéconomiques du Plan économique Renewed Hope portent leurs fruits. Le déficit fiscal a été ramené à 4,7% du PIB contre 6,1% en 2023, tandis que la production pétrolière remonte progressivement à 1,52 million de barils par jour au deuxième trimestre 2025.

L’Initiative présidentielle GNC vise à réduire la dépendance aux carburants importés, et le port en eau profonde de Lekki positionne Lagos comme la porte d’entrée logistique de l’Afrique de l’Ouest. Le Nigeria Startup Act, soutenu par un fonds de 618 millions de dollars, continue d’attirer les entrepreneurs numériques et le capital‑risque étranger.

5. Maroc : champion africain des énergies vertes

Avec un PIB de 165,84 milliards de dollars en 2025, le Maroc complète ce top 5 des plus grandes économies africaines grâce à une gestion macroéconomique jugée prudente et son leadership continental dans les énergies renouvelables qui représentent désormais 45% du mix énergétique marocain. En pointe, des projets phares comme le complexe solaire Noor Ouarzazate et le parc éolien de Tarfaya. Le royaume vise à dépasser 52% de renouvelables d’ici 2030, s’imposant comme un hub industriel vert en Afrique.

La stratégie hydrogène vert, baptisée « Morocco Offer », a alloué près d’un million d’hectares pour des projets d’hydrogène et d’ammoniac, attirant des consortiums européens et du Golfe. Les investissements parallèles dans les infrastructures portuaires et les réseaux de transmission haute tension renforcent la position du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales.

Et le reste du classement des économies africaines ?

Au‑delà de ce top 5, d’autres économies africaines s’imposent progressivement dans le top 10 continental par le PIB : Kenya, Éthiopie, Angola, Côte d’Ivoire ou encore Ghana gagnent du poids grâce à la démographie, aux services financiers, aux télécoms et à l’agro‑industrie.

Ces marchés émergents, souvent portés par une urbanisation rapide et un entrepreneuriat dynamique, jouent un rôle croissant dans la recomposition de la carte économique africaine et attirent un volume croissant d’investissements privés.

Ce classement 2025 révèle une Afrique en pleine mutation, où la croissance est désormais moins dépendante des seules matières premières et davantage portée par les secteurs manufacturiers, les services financiers, les infrastructures et le numérique. Enfin, la mise en œuvre progressive de la ZLECAf stimule les échanges intra‑africains, créant de nouvelles opportunités de croissance endogène rapporte The African Exponent.

Les banques centrales africaines, jadis essentiellement réactives, adoptent désormais des approches plus proactives dans la gestion de l’inflation et la coordination de la dette. Cette intelligence structurelle, combinée à des réformes fiscales courageuses et à une planification économique stratégique, permet au continent de façonner sa propre trajectoire de développement.

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Ali Attar est un spécialiste reconnu de l'actualité du Maghreb. Ses analyses politiques, sa connaissance des réseaux, en font une référence de l'actualité de la région.
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