
Après trois jours de grève, les syndicats nigérians ont suspendu leur mouvement à la raffinerie Dangote de Lekki. Un accord conclu sous pression du gouvernement prévoit la réintégration de 800 travailleurs licenciés. Mais la méfiance persiste entre PENGASSAN et le groupe Dangote, laissant planer la menace d’un nouveau bras de fer social.
La crise sociale qui paralysait depuis trois jours la méga-raffinerie d’Aliko Dangote, près de Lagos, a trouvé un début d’apaisement. Le principal syndicat pétrolier du pays, PENGASSAN, a annoncé mercredi 1er octobre la suspension de sa grève, après un accord conclu sous l’égide du gouvernement fédéral. En jeu : le sort de 800 travailleurs licenciés, désormais promis à une réintégration au sein du groupe.
Un compromis sous pression
Le mouvement avait été déclenché dimanche, en réaction au renvoi massif d’employés affiliés au syndicat. Leur remplacement par des travailleurs étrangers, notamment indiens, avait provoqué la colère des cadres nigérians du pétrole et du gaz. Rapidement, la grève a paralysé des sièges stratégiques comme celui de la compagnie publique NNPC, suscitant la crainte d’une véritable crise énergétique.
Face à l’ampleur de la mobilisation et à ses effets immédiats sur la distribution de carburant et la production électrique, Abuja a dû s’impliquer directement. Après deux jours de négociations, le ministère du Travail a obtenu de Dangote Group que les 800 travailleurs concernés soient redéployés dans d’autres entités du conglomérat, avec maintien intégral de leur salaire et sans représailles syndicales.
Une victoire prudente pour les syndicats
Pour PENGASSAN, cette suspension de grève est avant tout un « geste patriotique ». Son président, Festus Osifo, a rappelé que la méfiance à l’égard de la direction de Dangote reste intacte. Le syndicat prévient qu’il relancera son mouvement sans délai si l’accord venait à être violé. La centrale Nigeria Labour Congress (NLC) et le Trade Union Congress, qui avaient apporté leur soutien, ont salué une « victoire des droits des travailleurs » tout en affirmant que « nul investisseur n’est au-dessus de la loi nigériane ».
Cette crise souligne l’importance stratégique de la méga-raffinerie de Lekki, opérationnelle depuis début 2024. Présentée comme la plus grande d’Afrique, elle est devenue un pilier de la sécurité énergétique nationale. Toute perturbation de ses activités a des répercussions directes sur le marché du carburant, l’approvisionnement en gaz des centrales électriques et la stabilité du naira.