
Alors que les restrictions sur le gaz russe se renforcent, l’Algérie s’impose comme un partenaire incontournable pour la sécurité énergétique européenne. Ses exportations devraient encore croître d’ici 2030, offrant une alternative plus propre et plus stable que le GNL américain.
La guerre en Ukraine et les sanctions européennes contre le gaz russe ont bouleversé la géographie énergétique du continent. Rome et Madrid se tournent désormais vers le sud, où l’Algérie, avec ses infrastructures déjà en place, apparaît comme le partenaire le plus fiable.
Grâce à ses gazoducs TransMed (vers l’Italie) et Medgaz (vers l’Espagne), Alger dispose d’une capacité totale de plus de 40 milliards de m³ par an, encore loin d’être pleinement utilisée. À cela s’ajoutent ses terminaux GNL d’Arzew et Skikda, capables d’exporter vers le reste de l’Europe.
Une montée en puissance prévisible
L’Algérie a exporté environ 55 milliards de m³ de gaz vers l’Europe en 2024, selon l’EIA. D’ici 2030, ce volume pourrait atteindre 60 à 65 milliards de m³, soit une hausse de 10 à 15 %.
Cette progression reposerait principalement sur un meilleur usage des gazoducs existants :
TransMed passerait de 21 à près de 30 milliards de m³/an vers l’Italie, Medgaz resterait proche de sa capacité maximale de 10 milliards, tandis que les livraisons de GNL algérien à destination de l’Europe atteindraient près de 20 milliards de m³.
Des niveaux atteignables sans nouveaux investissements lourds, simplement en optimisant les flux actuels et la maintenance des installations.
Un choix plus vert que le GNL américain
Au-delà de la sécurité énergétique, le gaz algérien présente un avantage économique et écologique majeur. Acheminé par pipeline sur courte distance, il émet jusqu’à 40 % de CO₂ en moins que le gaz naturel liquéfié importé des États-Unis par méthaniers, donc avec un coût tant financier que pour l’environnement largement supérieur.
En outre, le cycle complet du GNL, liquéfaction, transport maritime, regazéification, multiplie les émissions, tandis que les fuites de méthane amplifient encore l’empreinte carbone. Pour une Europe soucieuse de respecter ses engagements climatiques, le gaz algérien est donc non seulement plus proche, mais aussi plus propre.
L’Europe a besoin d’un fournisseur stable, géographiquement proche et respectueux des objectifs climatiques. L’Algérie, deuxième exportateur de gaz par pipeline vers l’UE, réunit aujourd’hui toutes ces conditions. Alger peut devenir, d’ici 2030, le pivot méditerranéen de la transition énergétique européenne.