
La justice est-africaine a suspendu l’accord commercial Kenya-UE. Elle ravive ainsi les tensions autour de son application régionale.
La Cour de justice d’Afrique de l’Est (EACJ) a ordonné la suspension temporaire de l’Accord de partenariat économique (APE) signé en 2023 entre le Kenya et l’Union européenne. Cette décision, motivée par des raisons de procédure régionale, est un revers significatif pour la stratégie commerciale de Nairobi, qui a immédiatement fait appel.
Un revers juridique pour l’accès au marché européen
L’APE a été conclu après de longues négociations dans le but de garantir un accès préférentiel au marché européen pour les produits kenyans tels que le thé, les fleurs et le café. En contrepartie, le Kenya devait ouvrir progressivement son propre marché aux exportations de l’UE.
La suspension fait suite à une plainte déposée par l’ONG Centre for Law, Economics and Policy. Selon la Cour, certaines dispositions de l’accord pourraient enfreindre le traité fondateur de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), notamment en matière de cohésion commerciale régionale et de règles de concurrence entre les États membres.
Nairobi fait appel et veut rassurer les exportateurs
Face à cette décision, le Kenya ne compte pas rester inactif. Le ministre kényan du Commerce, Lee Kinyanjui, a confirmé l’introduction d’un recours visant à annuler la suspension.
« Le Kenya continuera de commercer avec l’Union européenne », a-t-il déclaré, soulignant l’importance vitale de l’accord pour l’économie nationale. L’UE reste l’un des partenaires commerciaux majeurs du Kenya, avec des exportations kényanes atteignant 1,56 milliard de dollars en 2024. Le ministère a assuré que des mesures sont prises pour maintenir la stabilité des échanges pendant la procédure d’appel.
Un débat régional sur la stratégie commerciale
Au-delà de l’enjeu économique pour le Kenya, cette affaire relance un débat fondamental au sein de l’EAC : les États membres doivent-ils signer des accords commerciaux individuels avec des blocs extérieurs, ou doivent-ils privilégier une approche collective harmonisée ?
Plusieurs partenaires du Kenya redoutent que l’APE ne crée des distorsions de concurrence au sein du marché commun est-africain. Le Kenya, pour sa part, insiste sur l’importance de sécuriser ses débouchés extérieurs dans un contexte mondial de montée du protectionnisme.
L’incertitude engendrée par la suspension temporaire suscite l’inquiétude des producteurs locaux et des opérateurs européens, qui appellent à une résolution rapide du litige.



