
Kinshasa et Londres ont franchi une nouvelle étape dans leur coopération commerciale. Ce mardi 25 novembre 2025, le ministre congolais du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, et l’ambassadrice britannique Alyson King ont lancé officiellement un partenariat stratégique ouvrant largement les portes du marché britannique aux exportations congolaises.
Désormais, 99 % des produits « made in DRC » pourront entrer au Royaume-Uni sans paiement de droits de douane, un avantage tarifaire qui pourrait transformer la structure des échanges entre les deux pays.
Une opportunité majeure pour le cacao, le café et les épices congolaises
Dans son annonce, le ministère du Commerce extérieur a mis en avant les filières agricoles qui devraient bénéficier en priorité de ce nouveau régime préférentiel : le cacao, le café, les épices ainsi que d’autres produits agricoles et forestiers.
Ces secteurs, souvent freinés par des coûts logistiques élevés et des barrières non tarifaires, pourraient voir leur compétitivité renforcée grâce à cet accès privilégié à l’un des marchés les plus exigeants et solvables au monde.
Julien Paluku Kahongya a rappelé que la RDC reste l’un des pays les plus dotés du continent en terres arables et ressources naturelles, mais que ces atouts étaient encore sous-exploités. « Ce régime préférentiel nous permet enfin de valoriser pleinement notre potentiel agricole et forestier », a-t-il déclaré.
Un partenariat fondé sur quatre piliers structurants
Le nouvel accord, présenté comme un cadre stratégique à long terme, repose sur quatre axes majeurs :
- Facilitation des échanges, notamment via le Portail d’informations commerciales (PIC) et la dématérialisation des procédures.
- Renforcement des capacités des producteurs, des PME et des administrations publiques.
- Mise en conformité avec les normes internationales, afin de garantir la qualité, la traçabilité et la sécurité des produits congolais exportés.
- Amélioration de l’accès aux marchés mondiaux, en réduisant les obstacles réglementaires et techniques.
L’objectif est double : rendre les exportations plus fluides et professionnaliser les filières congolaises pour qu’elles répondent aux standards mondiaux, en particulier européens et britanniques.
Un programme d’appui au commerce pour moderniser le secteur
L’ambassadrice Alyson King a salué une « étape décisive dans l’intégration commerciale de la RDC », rappelant que Londres souhaite encourager un commerce transparent, responsable et durable. Elle a cependant tenu à préciser un point sensible dans la région :
« Les échanges entre la RDC et ses voisins, notamment le Rwanda, doivent rester légitimes et légaux ». Cette mise en garde s’inscrit dans un contexte de tensions récurrentes autour des circuits commerciaux transfrontaliers et de l’exploitation des ressources naturelles.
La cérémonie de lancement a également marqué la mise en route d’un programme structurant d’appui au commerce congolais, mené en partenariat avec le Centre du commerce international (CCI), TradeMark Africa (TMA) et le British Standards Institute (BSI).
Ces organisations apporteront un soutien technique pour renforcer la chaîne de valeur des produits congolais, améliorer leur certification et accompagner les entreprises dans leur conquête de nouveaux marchés. Julien Paluku a plaidé pour l’installation de ces structures en RDC, estimant que leur présence physique accélérerait la modernisation du secteur.
Un levier pour renforcer la compétitivité du « made in DRC »
Selon la Cellule de communication du Commerce extérieur, ce nouveau dispositif ouvre une « fenêtre d’opportunités » pour les exportateurs congolais. En éliminant quasiment tous les droits de douane, le Royaume-Uni offre à la RDC un avantage comparatif qui pourrait : stimuler les exportations agricoles, encourager la création de PME compétitives, attirer des investissements dans les chaînes de transformation et positionner durablement les produits congolais sur les marchés internationaux.
Ce partenariat avec Londres apparaît comme un levier stratégique à un moment où la RDC cherche à diversifier son économie et à réduire sa dépendance aux exportations minières. Il pourrait accélérer l’émergence d’un secteur agricole exportateur plus structuré et consolider les ambitions régionales et internationales du pays.
Il reste à voir les réformes annoncées – digitalisation des procédures, renforcement des normes, appui aux PME – effectivement mises en œuvre pour transformer cette opportunité commerciale en succès durable.




