Soudan : bombardements des FSR à El-Fasher, un nouveau drame humanitaire


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Situation tendue au Soudan
Situation tendue au Soudan

L’horreur s’est encore abattue sur El-Fasher, la capitale du Darfour-Nord, dans l’ouest du Soudan. Les bombardements aériens des Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire, ont fait 24 morts et 55 blessés. Cet événement tragique s’inscrit dans un contexte de violence militaire grandissante, exacerbée par une guerre civile dévastatrice.

Les frappes aériennes, menées par les FSR, ont touché des zones civiles d’El-Fasher, un marché central et le quartier d’Awlad Al-Reef. Ces bombardements ont tué 24 personnes, dont cinq femmes, et en ont blessé 55 autres, dont des enfants. Cette attaque s’inscrit dans une série de violences répétées depuis plus d’un an dans la région, marquée par une crise humanitaire sans précédent dans un Soudan en proie à des violences interminables.

Le Réseau des médecins soudanais a rapidement réagi, condamnant fermement ces attaques, qu’il qualifie de « crimes de guerre » et de « génocide ». La communauté internationale, selon l’organisation, doit agir rapidement pour mettre un terme à ce cycle de violence et de souffrance.

Le siège de la ville : une souffrance prolongée

Depuis mai 2025, El-Fasher est sous un siège implacable des FSR, qui ont bloqué l’entrée et la sortie de la ville, exacerbant les pénuries de nourriture, de médicaments et de services de base. Ce siège a déjà provoqué des souffrances considérables parmi les habitants. La situation est décrite comme une « famine systématique » par les organisations humanitaires, les civils étant de plus en plus désespérés face à la dégradation des conditions de vie.

Les autorités locales et des groupes de défense des droits de l’homme appellent la communauté internationale à intervenir d’urgence pour mettre fin à ces attaques et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire. Les frappes de cette semaine n’ont fait qu’aggraver la situation, créant un sentiment d’impuissance et d’abandon parmi les civils pris au piège.

Un bilan humain accablant

Les bombardements à El-Fasher ne sont que la pointe de l’iceberg dans un conflit qui a commencé en avril 2023, lorsque les FSR, dirigées par Mohamed Hamdan Dagalo (alias Hemedti), se sont affrontées à l’armée régulière soudanaise. Cette guerre civile a fait plus de 20 000 morts et 14 millions de déplacés, selon les estimations de l’ONU. Les universités américaines, cependant, révèlent des chiffres bien plus élevés, estimant le nombre de victimes à environ 130 000 morts, un bilan catastrophique qui ne cesse de grimper.

Le conflit a plongé le pays dans un chaos sans fin, avec des villages entiers réduits en cendres, des infrastructures de santé et d’éducation détruites, et des millions de Soudanais vivant dans des conditions extrêmes. La guerre entre les FSR et l’armée soudanaise s’est intensifiée avec le temps, et les civils sont désormais les premières victimes de cette violence aveugle.

Les FSR : un acteur paramilitaire aux méthodes controversées

Les Forces de soutien rapide, ou FSR, sont un groupe paramilitaire fondé à l’origine pour combattre les rebelles dans le Darfour. Mais au fur et à mesure de leur montée en puissance, elles sont devenues un acteur incontournable de la politique soudanaise, et de plus en plus redouté pour leur brutalité. Depuis le début du conflit, les FSR ont été accusées de multiples violations des droits de l’homme, y compris de meurtres, de viols et de pillages. Leur implication dans la guerre civile a ajouté une dimension complexe au conflit, avec des combattants prêts à tout pour obtenir le pouvoir.

Bien que les FSR n’aient pas réagi officiellement aux accusations concernant les bombardements d’El-Fasher, les précédents témoignages de civils et d’organisations humanitaires montrent une tendance alarmante à cibler délibérément les zones civiles, en totale violation du droit international humanitaire.

La communauté internationale face à l’impasse

Face à ce drame humain, la communauté internationale se trouve une nouvelle fois dans une position d’inefficacité. Malgré plusieurs appels à l’aide et de multiples résolutions de l’ONU, l’inaction persiste. Les Nations Unies ont imposé des sanctions contre les dirigeants des FSR, mais ces mesures semblent avoir eu peu d’impact sur la dynamique du conflit.

Les Nations Unies, mais aussi les puissances régionales et les acteurs humanitaires, appellent à une pression accrue sur les FSR et l’armée soudanaise pour permettre un cessez-le-feu immédiat. Cependant, la situation sur le terrain ne semble pas prête à se stabiliser. Des experts soulignent que sans un soutien international renforcé et une intervention directe pour sécuriser les couloirs humanitaires, des milliers d’autres vies seront perdues et la région risque de sombrer dans un état de guerre perpétuelle.

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