Sénégal : un député accuse le Président Diomaye Faye de « complot » contre Ousmane Sonko


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Bassirou Diomaye Faye, Président du Sénégal
Bassirou Diomaye Faye, Président du Sénégal

Une nouvelle controverse secoue la scène politique sénégalaise après de virulentes accusations visant le Président Bassirou Diomaye Faye. Un député, Cheikh Bara Ndiaye, affirme que le chef de l’État mènerait des manœuvres secrètes pour affaiblir Ousmane Sonko et consolider son influence au sein du Pastef. Ces déclarations, jugées explosives, alimentent les spéculations sur d’éventuelles tensions internes au sommet du pouvoir et suscitent déjà une vague de réactions.

A Dakar,

Les propos du député Cheikh Bara Ndiaye, tenus sur le plateau de Walf TV, ont déclenché une vive polémique sur la scène politique sénégalaise. Le parlementaire, présenté comme proche du Pastef, a accusé le Président Bassirou Diomaye Faye d’orchestrer une stratégie visant à affaiblir politiquement le Premier ministre Ousmane Sonko en vue de l’élection présidentielle de 2029. Des allégations graves qui suscitent déjà de nombreuses réactions et relancent le débat sur les relations internes au sein de la mouvance au pouvoir.

Selon Cheikh Bara Ndiaye, le chef de l’État chercherait à diviser le Pastef, parti fondé par Ousmane Sonko, afin d’en prendre progressivement le contrôle. Sur le plateau télévisé, il affirme : « Je vais vous révéler la vraie stratégie de Diomaye Faye. Il veut diviser le parti. Il a mis en place un schéma pour récupérer certains directeurs généraux et ministres. Il a aussi des députés dans son viseur, mais je peux vous garantir qu’il n’aura pas l’Assemblée nationale ». Des mots forts, qui, selon lui, seraient étayés par des faits observés depuis l’arrivée au pouvoir du duo Diomaye–Sonko en mars 2024.

Diomaye Faye aurait négocié une forme de clémence judiciaire

Le député ne s’est pas arrêté là. Il a également accusé le Président d’avoir entretenu des relations avec des personnalités citées dans des rapports administratifs ou d’audit, dans le but, affirme-t-il, de nuire à l’image du Premier ministre. Cheikh Bara Ndiaye soutient que le Chef de l’État aurait promis la publication de tous les rapports, tout en envoyant un signal tacite aux personnes concernées. « Quand ces dernières sont entrées en contact avec lui, il a comploté et leur a dit :  »Je veux la paix, mais c’est le Premier ministre qui n’est pas d’accord. Je verrai comment faire baisser la note » ».

Ainsi, toute personne qui devait être poursuivie pour 100 milliards l’a été pour 100 millions », a-t-il déclaré. Parmi les noms cités, Cheikh Bara Ndiaye évoque notamment Mbagnick Diouf, le chanteur Waly Seck, ainsi que des responsables de l’Alliance pour la République (APR), ancien parti au pouvoir. Selon lui, le Président Diomaye Faye aurait négocié une forme de clémence judiciaire avec ces figures dans le but de les retourner contre Ousmane Sonko, présenté comme leur principal opposant dans les procédures en cours avant l’alternance.

« Personne pour arrêter Diomaye Faye »

Le parlementaire affirme que cette stratégie aurait pour conséquence de dresser une partie de la classe politique et du secteur privé contre le Premier ministre. « Aujourd’hui, tout le monde déteste Ousmane Sonko. Dans leur tête, ces gens se disent que c’est Ousmane Sonko qui avait une dent contre eux, et que c’est Diomaye Faye qui les a sauvés. Les vrais patriotes qui ont parlé ont été emprisonnés. Si ça continue comme ça, si Diomaye Faye se présente en 2029, il pourrait n’y avoir personne pour l’arrêter », soutient-il.

Ces déclarations surviennent dans un contexte où les relations entre le Président et son Premier ministre continuent de susciter des spéculations, malgré leurs affirmations répétées de cohésion et de complémentarité. Le discours de Cheikh Bara Ndiaye, lui, ravive les interrogations sur la possibilité de tensions internes dans la gestion du pouvoir. Les accusations du député n’ont pas tardé à provoquer des réactions. Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer la gravité de ses propos et demander qu’il en réponde devant la justice.

Des allégations infondées contre Diomaye Faye ?

Parmi elles, Madior Ly, membre de la République des Valeurs, parti dirigé par Thierno Alassane Sall, a appelé à la levée de l’immunité parlementaire de Cheikh Bara Ndiaye. Selon lui, de telles déclarations, qui touchent directement à l’intégrité du Chef de l’État et aux institutions, doivent être examinées par la justice afin que toute la lumière soit faite. À ce stade, la présidence de la République n’a pas officiellement répondu aux accusations, tandis que les partisans du Président Bassirou Diomaye Faye dénoncent une tentative de déstabilisation et minimisent les propos du député qu’ils qualifient d’allégations infondées.

L’affaire, toutefois, ne fait que commencer. Dans un paysage politique sénégalais marqué par une alternance récente et une recomposition profonde des alliances, ces déclarations pourraient influencer les débats internes, renforcer les suspicions ou encore raviver les rivalités au sein du camp présidentiel. Alors que plusieurs observateurs appellent à la retenue et à la transparence, le public, lui, attend de voir jusqu’où iront les suites politiques et judiciaires de cet épisode. Une chose est sûre : la sortie de Cheikh Bara Ndiaye constitue l’un des premiers grands remous institutionnels sous l’ère Diomaye Faye.

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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