
L’ancien Président sénégalais Macky Sall bénéficie d’un sursis majeur dans la procédure visant sa mise en accusation pour le dossier épineux de la « dette cachée » du pays. Lundi, le Bureau de l’Assemblée nationale a déclaré irrecevable la proposition de résolution introduite par le député du PASTEF, Guy Marius Sagna. L’initiative, qui cherchait à incriminer le pouvoir précédent, notamment Macky Sall, pour des faits supposés de « haute trahison » devant la Haute Cour de Justice (HCJ), a été rejetée.
Cette décision, qui invoque un non-respect du règlement intérieur, met un coup d’arrêt, du moins formellement, à l’une des promesses de « reddition des comptes » de la nouvelle majorité.
La « dette cachée » au cœur des accusations
Les accusations portées par le député Sagna s’inscrivent dans un contexte de critiques persistantes sur la gestion économique du régime précédent (2012-2024). L’initiative visait à activer la Haute Cour de Justice (HCJ), seule instance compétente pour juger un ancien chef d’État, en raison d’une gestion des finances publiques jugée opaque et de dettes contractées hors des circuits budgétaires.
Ces griefs ont été étayés en début d’année par le FMI, qui a confirmé qu’une « partie de la dette du Sénégal avait été cachée » pour un montant avoisinant les sept milliards de dollars. Pour de nombreux députés et intellectuels, un audit complet de la période 2012-2024 est indispensable pour rétablir la transparence et la responsabilité politique.
Rejet sur la forme : le règlement intérieur invoqué
Malgré l’urgence politique et l’ampleur du montant en jeu, l’Assemblée nationale n’est pas allée au fond du débat. Le Bureau a justifié le rejet de la résolution par un examen purement formel. Il a cité un non-respect du règlement intérieur du Parlement.
Le député Guy Marius Sagna a ainsi vu son projet débouté, le Bureau ayant conclu à l’irrecevabilité de sept des huit initiatives examinées. Ce blocage, bien que technique, permet à l’ancien Président Macky Sall d’éviter pour l’instant une procédure judiciaire rarissime et très médiatisée. La décision a pour effet de suspendre le débat sur la mise en accusation, même si les discussions autour de la reddition des comptes continuent d’alimenter l’actualité sénégalaise.
L’enjeu de la reddition des comptes
L’échec de cette proposition de résolution est un moment important dans l’équilibre des pouvoirs post-alternance au Sénégal. Si l’ancienne opposition, désormais au pouvoir, avait promis une ère de transparence, la procédure visant les anciens dirigeants se heurte à des verrous institutionnels complexes. La décision de l’Assemblée confirme la difficulté à traduire concrètement les accusations politiques en actions judiciaires. Pour le PASTEF et ses alliés, l’enjeu reste de trouver un moyen légal et constitutionnel de faire la lumière sur les zones d’ombre de l’ancienne gouvernance économique.




