Le Sénégal accélère la démocratisation des paiements numériques


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Le Sénégal affiche son ambition de devenir un moteur régional des paiements numériques en réunissant, lors du premier Salon Monétique National, les acteurs clés de la finance et du numérique.

La capitale sénégalaise, Dakar, a servi de théâtre, ce mercredi 10 décembre, à la toute première édition du Salon Monétique National. Cette rencontre stratégique, organisée conjointement par le Comité Monétique National (CMN) et l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers du Sénégal (APBEFS), a révélé la place centrale de la monétique dans l’avenir économique de l’Afrique de l’Ouest. Le thème retenu, « Paiements numériques et inclusion financière : Enjeu de souveraineté monétaire en Afrique de l’Ouest », traduit l’ambition des acteurs du secteur.

L’urgence de l’inclusion par le numérique

François Sène, directeur national de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a ouvert le bal en insistant sur le rôle catalyseur des paiements numériques. Il a expliqué que, dans un contexte d’essor technologique, l’usage de cartes, des transactions en ligne et des portefeuilles électroniques constitue une voie royale pour améliorer l’inclusion financière. Cette démocratisation de l’accès aux services est, selon lui, cruciale pour l’émergence économique et la réduction de la pauvreté.

Le représentant du ministre des Finances et du budget, Banda Diop, a abondé en ce sens, allant jusqu’à qualifier la monétique de « cœur battant de l’inclusion financière et de la modernisation de notre économie ». Il a salué l’accélération de l’adoption des innovations, qui permet l’accès aux services financiers pour un nombre croissant de citoyens grâce aux cartes, aux terminaux et au mobile.

Le paradoxe des transactions

Malgré l’optimisme affiché et la croissance annuelle des services digitaux, carte bancaire et mobile money, qui dépasse les 20%, un fossé demeure. Minayegnan Coulibaly, directeur général du Groupement interbancaire monétique de l’UEMOA (GIM-UEMOA), a rappelé que si les paiements numériques sont la « porte d’entrée de l’inclusion financière », plus de 80% des transactions quotidiennes dans les pays de l’Union restent encore réalisées en espèces.

Ce paradoxe révèle le principal défi : la nécessité de « massifier » l’utilisation des paiements électroniques. Le GIM-UEMOA appelle à une transformation profonde afin que le signal économique des transactions soit véritablement « représentatif de la dynamique d’épargne, de consommation et d’investissement des ménages ».

Un cadre pour formaliser l’économie

La tenue de ce Salon Monétique National est perçue par les professionnels comme la reconnaissance officielle de l’importance stratégique de la monétique. La présidente du Comité Monétique National, Ndèye Aminata Diallo, s’est réjouie que l’événement offre un « cadre d’échanges » unique.

Ce forum rassemble un large éventail d’acteurs allant des banques institutionnelles aux Fintechs, en passant par les établissements de paiement et les émetteurs de monnaie électronique. L’ambition de ce cadre est de stimuler la réflexion collective nécessaire pour maximiser l’inclusion financière et surtout parvenir à une formalisation durable des transactions dans l’ensemble de l’espace ouest-africain.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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