Mimi Touré claque la porte du groupe WhatsApp « Diomaye Président » : départ qui révèle une grosse fracture politique


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Aminata Touré
Aminata Touré dite Mimi

Dans la majorité présidentielle sénégalaise, un simple mouvement sur WhatsApp vient de prendre les dimensions d’un véritable séisme politique. Le retrait soudain de Mimi Touré de la plateforme interne de la coalition « Diomaye Président » a agi comme un détonateur, révélant des tensions longtemps contenues. Sa décision, immédiatement suivie par plusieurs cadres, nourrit les spéculations sur l’ampleur du malaise et sur les rapports de force en recomposition au sein du pouvoir.

La scène, pourtant banale à l’ère du numérique, quitter un groupe WhatsApp, prend, dans le paysage politique sénégalais, des allures de signal fort. Ce jeudi, aux alentours de 19 heures, Aminata « Mimi » Touré, récemment désignée superviseur général de la coalition « Diomaye Président » par le chef de l’État Bassirou Diomaye Faye, a soudainement quitté le groupe WhatsApp de la Conférence des leaders. Un geste apparemment simple, mais lourd de sens, qui s’est immédiatement répercuté : sept cadres politiques ont suivi ses pas, accentuant la perception d’une véritable ligne de fracture au sein de la majorité présidentielle.

Une stratégie de repositionnement politique ?

Ce départ intervient dans un contexte déjà tendu. La nomination de Mimi Touré à la tête de la supervision de la coalition, en remplacement d’Aïda Mbodji, n’avait pas fait l’unanimité. Au sein du Pastef, certains cadres avaient ouvertement contesté cette décision, estimant qu’elle s’inscrivait davantage dans une stratégie de repositionnement politique que dans un véritable consensus interne. Alors que des pourparlers étaient annoncés entre le président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko pour apaiser les tensions, voilà qu’une nouvelle fissure s’ouvre, cette fois au cœur des outils de communication internes du pouvoir.

Selon les informations rapportées par Les Échos, ce départ groupé créerait un malaise palpable au sein de la coalition. Le tabloïd sénégalais se demande si Mimi Touré a simplement exprimé un agacement ponctuel ou si ce retrait constitue l’amorce d’une reconfiguration plus profonde de son camp. L’hypothèse d’un simple geste d’humeur paraît peu probable au regard de la réaction immédiate de plusieurs figures qui lui sont proches, lesquelles n’ont pas hésité à quitter la plateforme à sa suite.

Mimi Touré sur le point de créer sa propre plateforme WhatsApp

Libération, de son côté, évoque des indiscrétions qui vont plus loin : Mimi Touré envisagerait déjà de créer sa propre plateforme WhatsApp, un espace destiné à fédérer les cadres qui lui sont politiquement fidèles. Une telle initiative, si elle se confirme, scellerait de facto la naissance d’un sous-groupe organisé au sein même de la majorité présidentielle, avec des enjeux qui dépassent largement le simple cadre de la communication interne. Dans la politique contemporaine, les groupes WhatsApp constituent bien plus qu’un canal d’échange : ils sont devenus des outils stratégiques de mobilisation, d’influence, de coordination et parfois même de prise de décision.

Cette scission numérique traduit donc une scission politique. Le départ de Mimi Touré interpelle, d’autant qu’elle occupe une fonction stratégique censée assurer la cohésion et la coordination des forces qui ont porté Bassirou Diomaye Faye au pouvoir. Or, son retrait soudain suggère un malaise, voire une défiance envers la méthode ou l’orientation actuelle de la coalition. Les dissensions internes entre le cercle présidentiel et certains cadres du Pastef semblent se cristalliser, et le timing, alors que des discussions de haut niveau étaient prévues, ne peut être anodin.

Noyau structuré prêt à se distinguer

Par ailleurs, la démarche de Mimi Touré réactive une question centrale : la coalition « Diomaye Président » peut-elle maintenir son unité alors que des sensibilités, ambitions et stratégies divergentes se révèlent au grand jour ? Le fait que sept cadres aient immédiatement suivi son initiative laisse entrevoir l’existence d’un noyau structuré prêt à se distinguer, et peut-être à s’affirmer face à d’autres tendances internes. La création d’un nouveau groupe WhatsApp pourrait bien signifier l’émergence d’un courant parallèle, voire l’esquisse d’une future recomposition politique.

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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