Madagascar : qui est Herintsalama Rajaonarivelo, Premier ministre de la Refondation nommé pour une gouvernance apolitique


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Herintsalama Rajaonarivelo
Herintsalama Rajaonarivelo, nouveau Premier ministre de Madagascar

Un tournant important dans la vie politique malgache : Herintsalama Rajaonarivelo a été officiellement nommé Premier ministre par le Président de la Refondation, le Colonel Michaël Randrianirina. Cette désignation intervient dans un contexte de forte pression sociale, notamment portée par la Génération Z, qui appelait à un renouveau politique à travers la nomination d’un chef de gouvernement neutre et compétent.

Un Premier ministre inattendu, mais stratégiquement choisi

Madagascar a un nouveau chef du gouvernement, répondant aux critères du mouvement Gen Z. Totalement inconnu de la scène politique traditionnelle, Herintsalama Rajaonarivelo incarne un profil atypique, à contre-courant des figures politiques habituelles. Ancien Président du Conseil d’Administration de la BNI Madagascar, il est surtout reconnu pour sa solide carrière dans le secteur privé et auprès d’institutions internationales. Cette trajectoire professionnelle lui confère une image d’homme pragmatique, expérimenté et éloigné des clivages partisans.

Le Président Michaël Randrianirina, qui a prêté serment deux jours plus tôt, a précisé que cette nomination a été suggérée par les membres de l’Assemblée nationale. Il a souligné que le choix de Rajaonarivelo repose sur des critères de compétence et de crédibilité internationale : « Nous avons besoin d’un Premier ministre capable de travailler avec rigueur, dans l’intérêt du pays et avec le soutien des partenaires internationaux. »

Une réponse directe aux revendications de la Génération Z

Depuis fin septembre, Madagascar a été secoué par une série de manifestations inédites, portées en grande partie par la jeunesse urbaine connectée : la fameuse Gen Z. Celle-ci dénonçait la politisation à outrance du pouvoir exécutif et réclamait un Premier ministre sans attache partisane, capable de garantir la stabilité et la neutralité de l’État. Le mouvement s’était notamment intensifié à la suite de la dissolution du gouvernement par l’ancien Président Andry Rajoelina le 29 septembre dernier, et de la nomination controversée de Zafisambo Ruphin Fortunat, un proche du régime sortant, le 6 octobre.

La pression populaire, amplifiée par les réseaux sociaux, a forcé l’exécutif à revoir sa copie. En désignant un profil technocrate comme Herintsalama Rajaonarivelo, le régime semble vouloir calmer les tensions et envoyer un signal fort : celui d’une volonté d’ouverture et d’apaisement. Il s’agit également d’une tentative de restaurer la confiance entre les institutions et la jeunesse malgache, particulièrement active et mobilisée sur les enjeux de gouvernance, de transparence et d’efficacité.

Une expertise internationale au service de la refondation

Titulaire d’un diplôme de troisième cycle en Économie industrielle et économie d’entreprise, Rajaonarivelo a mené de nombreuses missions en tant que consultant pour des institutions prestigieuses : Banque Mondiale, Union Européenne, COMESA, SADC ou encore la Commission de l’Océan Indien. Son expertise en développement économique, couplée à sa capacité à naviguer dans des environnements internationaux complexes, en fait un atout stratégique pour la nouvelle administration à Madagascar.

Il a également joué un rôle clé dans la structuration de projets de développement financés par les bailleurs de fonds, au bénéfice de l’État malgache. En 2017, il avait présidé le FIVMPAMA (Groupement du patronat malgache), où il avait été salué pour sa vision modernisatrice et son engagement pour la promotion du secteur privé national. La tâche qui attend le nouveau Premier ministre est immense. Il devra non seulement assurer la stabilité du pays, mais aussi poser les bases d’une gouvernance rénovée, dans un contexte de transition institutionnelle et de refondation de la République.

Une mission de transition dans un climat politique incertain

Le climat politique reste tendu, malgré les signaux d’ouverture. Les mouvements citoyens, portés par une jeunesse de plus en plus vigilante et exigeante, continueront de scruter les actions du gouvernement. La transparence, l’éthique et l’efficacité seront les critères majeurs sur lesquels Rajaonarivelo sera jugé. De nombreux défis l’attendent : redresser l’économie, améliorer les services publics, lutter contre la corruption, réformer l’administration et relancer la confiance des investisseurs, nationaux comme internationaux.

Avec cette nomination, Madagascar amorce peut-être une nouvelle ère politique, marquée par une gouvernance fondée sur la compétence plus que sur l’allégeance partisane. Herintsalama Rajaonarivelo bénéficie pour l’instant d’un soutien relatif de la population, curieuse mais prudente. Son profil technocrate inspire confiance, mais il est attendu pour rapidement faire ses preuves pour répondre aux attentes fortes des populations.

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