Nigeria : une journée de paralysie nationale pour exiger la libération de Nnamdi Kanu


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Manifestations au Nigeria
Manifestations au Nigeria

Le Nigeria s’est arrêté ce lundi 20 octobre, jour anniversaire du massacre de Lekki, pour exiger la libération de Nnamdi Kanu. Des milliers de manifestants ont paralysé le pays, dénonçant une justice à deux vitesses et la dérive autoritaire du régime Tinubu.

Cinq ans après la répression du mouvement #EndSARS, le Nigeria connaît ce lundi 20 octobre une journée de paralysie nationale. Des milliers de citoyens ont répondu à l’appel lancé pour réclamer la libération du leader séparatiste biafrais Nnamdi Kanu, détenu depuis plus de quatre ans par les autorités d’Abuja. L’initiative, soutenue au-delà de la communauté igbo, s’inscrit dans un climat de mécontentement généralisé face à la crise économique et à la gouvernance du président Bola Ahmed Tinubu.

Sous le mot d’ordre « Libérez Nnamdi Kanu maintenant », les manifestants dénoncent ce qu’ils considèrent comme une justice à deux vitesses. Pour eux, la question dépasse la simple cause biafraise et symbolise un ras-le-bol national.

Une mobilisation inédite cinq ans après #EndSARS

La mobilisation de ce lundi dépasse largement la seule région du Sud-Est. Selon Igboayaka O. Igboayaka, du Mouvement de la jeunesse igbo, « si le gouvernement veut l’unité, il doit traiter tous les citoyens de la même manière ». Le mouvement rassemble désormais diverses personnalités politiques, y compris des figures du Sud-Ouest comme Peter Obi, et s’inscrit dans une dynamique plus large de contestation sociale et politique.

Arrêté au Kenya en 2021 et extradé vers le Nigeria dans des conditions controversées, Nnamdi Kanu, chef du mouvement Indigenous People of Biafra (IPOB), fait face à des accusations de « trahison » et de « terrorisme ».

Bien que la Cour d’appel ait prononcé sa libération en 2022, le gouvernement nigérian refuse toujours d’appliquer cette décision, invoquant des questions de sécurité nationale.
Pour ses partisans, cette détention constitue une violation de la justice et un affront à la Constitution nigériane.

Abuja sous haute tension

Dès l’aube, les forces de sécurité ont envahi les principales artères de la capitale. Des barrages policiers, militaires et paramilitaires ont été érigés autour d’Aso Rock, siège du pouvoir, ainsi qu’à Eagle Square et devant l’Assemblée nationale. Des gaz lacrymogènes ont été tirés dès les premières heures pour disperser certains rassemblements.

Les autorités invoquent une ordonnance judiciaire interdisant toute manifestation dans certaines zones sensibles. Mais les organisateurs affirment que cette restriction est illégale et annoncent leur intention de marcher pacifiquement jusqu’à Aso Rock.

Un écho au traumatisme #EndSARS

La date du 20 octobre n’a pas été choisie au hasard. C’est celle du massacre de Lekki, en 2020, où les forces de sécurité avaient ouvert le feu sur des manifestants pacifiques du mouvement #EndSARS à Lagos. Cet anniversaire ravive les blessures d’un pays encore marqué par les violences policières et la répression.

Pour de nombreux manifestants, cette journée n’est pas seulement un appel à la libération de Nnamdi Kanu, mais un symbole de résistance contre l’injustice et les abus de pouvoir.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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