
Les infirmières et sages-femmes nigérianes suspendent leur grève suite à un accord avec le gouvernement. Mais derrière cette trêve, les revendications restent vives et la confiance, fragile.
Après une semaine de mobilisation intense, les infirmières et sages-femmes du secteur public nigérian ont mis fin, le 1er août, à leur grève d’avertissement. Cette suspension fait suite à la signature d’un protocole d’accord entre leur syndicat et le gouvernement fédéral, qui s’est engagé à répondre à plusieurs revendications urgentes. Mais sur le terrain, la méfiance persiste, tant les promesses non tenues ont marqué l’histoire des luttes sociales au Nigeria.
Une grève révélatrice d’un mal profond
Le mouvement lancé le 30 juillet par la National Association of Nigeria Nurses and Midwives (NANNM) avait pour but d’alerter sur les conditions de travail de plus en plus précaires dans les hôpitaux publics. Des salaires dérisoires, souvent inférieurs à 170 euros par mois, l’absence de primes de nuit, des contrats précaires, un sous-effectif chronique et un exode massif des soignants vers l’étranger : les causes de la colère étaient multiples et structurelles.
Le mot d’ordre « Soigner les soignants, c’est renforcer l’économie » a fortement résonné dans les rues et sur les réseaux sociaux, résumé d’un malaise profond dans un système de santé fragilisé.
Un accord sous surveillance
La suspension de la grève ne signifie pas la fin des tensions. Le protocole signé prévoit des engagements clairs du gouvernement, notamment en matière d’augmentation salariale, de sécurisation de l’emploi et de recrutement. Le ministre de la Santé, Ali Pate, et celui du Travail, Muhammad Dingyadi, ont promis une mise en œuvre rapide des mesures, sans représailles contre les grévistes.
Mais le syndicat reste prudent. Le président national de la NANNM, Haruna Mamman, a souligné que le Conseil exécutif de l’organisation suivrait de près l’application des décisions, n’excluant pas une reprise du mouvement si les promesses tardaient à se concrétiser.
Une crise de fond dans le secteur de la santé
Au-delà de cette trêve, c’est toute la question de la crise des ressources humaines dans le système de santé nigérian qui reste posée. Le pays fait face à un exode médical sans précédent, avec des milliers d’infirmiers, sages-femmes et médecins quittant chaque année le territoire pour de meilleures conditions de travail à l’étranger. Tant que les autorités n’apporteront pas des réponses structurelles, la fuite des compétences risque de s’aggraver, au détriment des patients.
La fin de cette grève marque une accalmie, mais pas une victoire. Les infirmières nigérianes attendent désormais des actes concrets, des mesures visibles sur leurs fiches de paie, dans leurs services et dans leurs vies. Car sans une vraie reconnaissance de leur rôle essentiel dans le système de santé, la mobilisation pourrait bien reprendre, cette fois, sans échéance.