Le sud-est du Nigeria ensanglanté par la lutte indépendantiste de l’IPOB


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Manifestations au Nigeria
Manifestations au Nigeria

Depuis plus de trois ans, le sud-est du Nigeria est secoué par la guerre d’usure que se livrent le mouvement indépendantiste IPOB et le gouvernement fédéral. Loin d’une contestation pacifique, les appels au boycott hebdomadaire se sont transformés en une spirale de terreur, de répression et de chaos. Avec des centaines de morts et des milliards de dollars perdus, la région paie le prix d’un conflit sans issue, sur fond de tensions identitaires et d’héritage douloureux de la guerre du Biafra.

Le sud-est du Nigeria vit au rythme d’un conflit larvé entre le mouvement séparatiste IPOB (Indigenous People of Biafra) et les autorités fédérales. Une guerre d’usure, faite de sit-in imposés, de paralysies économiques et d’affrontements violents, a déjà coûté la vie à plus de 700 personnes dans cette région majoritairement habitée par l’ethnie Igbo. Derrière les slogans indépendantistes, une réalité de peur, de répression et de chaos s’installe durablement.

« Restez chez vous » : du mot d’ordre à la terreur organisée

Initialement instaurée comme une forme de désobéissance civile, la consigne « restez chez vous » émise par l’IPOB chaque lundi s’est transformée en une arme de contrôle social brutale. Annoncée en août 2021 pour exiger la libération de Nnamdi Kanu, leader du mouvement jugé pour terrorisme à Abuja, cette protestation hebdomadaire a d’abord été suivie par solidarité. Mais très vite, elle a été imposée par la peur. Dans les cinq États du sud-est, ceux qui osent braver l’interdiction risquent leur vie.

Le cabinet SBM Intelligence révèle que ces ordres de grève ont été accompagnés d’incendies criminels, de pillages et d’assassinats ciblés. Les civils, pris au piège entre les menaces de l’IPOB et l’inaction des autorités, paient le prix fort. Le taux de respect de ces confinements a chuté de 82 % en 2021 à moins de 30 % aujourd’hui, preuve que l’adhésion populaire s’effrite, au profit de la peur.

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Nnamdi Kanu, figure centrale et source de discorde

La détention prolongée de Nnamdi Kanu, souvent décrite comme opaque et marquée par l’isolement, constitue le cœur du conflit. Les partisans de l’IPOB le considèrent comme un prisonnier politique, tandis que le gouvernement nigérian le juge responsable d’avoir attisé la haine et la division. La justice nigériane, accusée de manquements dans la garantie de ses droits fondamentaux, n’a fait qu’alimenter les tensions. Et si l’IPOB affirme avoir suspendu l’ordre de grève hebdomadaire sur instruction directe de Kanu, des factions dissidentes, armées et incontrôlées, poursuivent leur propre logique de violence.

Le conflit entre le gouvernement nigérian et l’IPOB dépasse les pertes humaines. Chaque lundi, les villes du sud-est sont désertées, les écoles fermées, les commerces à l’arrêt. Le manque à gagner économique est colossal : plus de 4,79 milliards de dollars de pertes estimées depuis 2021. Derrière ces chiffres se cachent des vies brisées, des familles endeuillées et un tissu social en lambeaux.

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