
Kemi Badenoch, cheffe du Parti conservateur britannique, affirme ne plus se considérer comme Nigériane, renonçant symboliquement à son passeport et à une part de son identité.
Kemi Badenoch, figure montante du Parti conservateur britannique, a récemment créé la polémique en déclarant publiquement qu’elle ne se considère plus comme Nigériane. Dans un entretien sans détour, l’actuelle cheffe du parti a affirmé qu’elle n’avait pas renouvelé son passeport nigérian depuis le début des années 2000 et qu’elle ne s’identifie plus à ce pays où elle a pourtant grandi.
Une Nigériane de naissance, mais plus d’identité
Née à Londres, Kemi Badenoch a passé son enfance au Nigeria, avant de s’installer aux États-Unis, puis de revenir au Royaume-Uni à l’âge de 16 ans. Si ses attaches culturelles et familiales avec le Nigeria demeurent, la ministre affirme désormais ne plus s’y reconnaître. « Je suis Nigériane par ascendance, par naissance, même si je ne suis pas née là-bas à cause de mes parents… mais par identité, je ne le suis pas vraiment », a-t-elle déclaré dans le podcast Rosebud, animé par l’ancien député Gyles Brandreth.
L’abandon volontaire de son passeport nigérian vient ainsi symboliser une prise de distance assumée : « Je n’ai pas renouvelé mon passeport nigérian depuis le début des années 2000. »
Un attachement culturel mais une loyauté politique britannique
Dans le même entretien, Badenoch nuance tout de même son propos : elle affirme rester « très intéressée » par ce qui se passe au Nigeria, où elle a encore de nombreux proches. Mais pour elle, sa véritable maison est désormais ailleurs. « Ma maison, c’est là où se trouve ma famille actuelle… et le Parti conservateur fait partie intégrante de ma famille », a-t-elle insisté.
Elle évoque aussi une expérience marquante lors d’un retour au Nigeria après le décès de son père, où elle a dû faire face à des difficultés administratives pour obtenir un visa. Une anecdote qui semble avoir renforcé son sentiment de détachement.
Un discours qui divise
Ces déclarations n’ont pas manqué de faire réagir. L’année dernière déjà, elle avait été accusée par un vice-président nigérian d’avoir « dénigré » le pays d’Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, son rejet assumé de cette identité nigériane en choque certains, notamment dans la diaspora, où son parcours est souvent vu comme un symbole de réussite.
Mais pour d’autres, Badenoch incarne une forme de pragmatisme politique à l’anglaise, alignée sur une vision conservatrice de la citoyenneté et de l’intégration.
Identité choisie ou rupture définitive ?
La prise de position de Kemi Badenoch pose une question plus large : peut-on renier une part de soi tout en s’en réclamant culturellement ? En refusant de se revendiquer Nigériane, tout en reconnaissant l’influence de ses années passées à Lagos sur sa pensée politique, Badenoch s’inscrit dans une démarche ambivalente, à la croisée des trajectoires migratoires et des engagements idéologiques.
Quelles que soient les motivations profondes de sa déclaration, une chose est claire : Kemi Badenoch veut désormais être perçue uniquement comme une femme politique britannique, et non comme une enfant de la diaspora. Le Nigeria, lui, observe à distance cette rupture avec l’une de ses plus célèbres expatriées.
