Afrique 2011 : Les moments forts


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Carte d'Afrique
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Insurrections, soulèvements, crises… De la Tunisie à la Côte d’Ivoire, en passant par l’Egypte, la Libye ou encore la RDC, l’année 2011 n’a pas été de tout repos pour l’Afrique. Tour d’horizon.

Soulèvement, chasse au pouvoir et conflit

En Tunisie, l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, à Sidi Bouzid, le 17 décembre 2010, a été l’élément déclencheur d’une vive contestation au pays du Jasmin. Celle-ci a provoqué la fuite de l’ex-dirigeant, Zine El Abidine Ben Ali, et la mort de 300 personnes. Condamné à 66 ans de prison dans trois procès par contumace, Ben Ali a été au pouvoir pendant 23 ans avant d’aller se réfugier le 14 janvier en Arabie Saoudite. Puis, c’est un vent de soulèvement qui s’est emparé du monde arabe. Les élections législatives du 23 octobre se sont conclues par la victoire du parti islamiste Ennahda.

Au pays du Nil, la colère de la rue a obligé Hosni Moubarak, à la tête du pays pendant presque 30 ans, à remettre le pouvoir à l’armée après avoir démissionner le 11 février, au bout de 18 jours de pressions. Près de 850 décès ont été répertoriés. Accusé de meurtre et de corruption, l’ancien président est en procès depuis le 3 août. Les élections législatives de l’après Moubarak, dont la première phase a eu lieu le 28 novembre, se traduisent par une victoire écrasante des partis islamistes des Frères musulmans et des Salafistes.

Alors que le président égyptien quittait le pouvoir, la Libye commençait à exprimer son ras-le-bol contre l’éternisation au pouvoir de Mouammar Kadhafi. Une colère rapidement transformée en un conflit. En mars, Washington, Paris et Londres lancent une opération militaire dans le pays, sous mandat de l’ONU avant qu’elle n’en prenne les commandes. Après neuf mois de résistance de la part des anciennes forces loyalistes, le « guide » de la révolution libyenne sera finalement capturé puis tué le 20 octobre lors de la bataille de Syrte. Dans des vidéos, qui ont fait le tour sur Internet, on aperçoit l’ancien dirigeant entre les mains des rebelles, puis des coups de feu et enfin un Kadhafi à terre. Une enquête a été ouverte le 24 octobre pour déterminer les causes exactes de sa mort. Le Conseil national de transition a formé en novembre un gouvernement de transition dont le président est Mustafa Abdeljalil.

En Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo a été arrêté le 11 avril à Abidjan. Lors de sa défaite contre Alassane Ouattara à l’élection présidentielle de novembre 2010, Gbagbo refuse de céder le pouvoir. Une guerre civile est alors en route entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara. L’ex-président ivoirien a été transféré le 30 novembre à La Haye afin d’être jugé par la Cour pénale internationale (CPI) pour des faits de crimes contre l’humanité. Près de 3 000 personnes ont péri dans les violences post-électorales.

Des forces spéciales des Etats-Unis se sont déployées en Ouganda pour combattre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), un mouvement de rébellion contre le gouvernement ougandais.

La Somalie est toujours dirigée par un gouvernement de transition. Depuis 1991, les islamistes shebab contrôlent la majeure partie du sud et du centre. L’armée kényane est entrée à la mi-octobre dans le sud somalien pour combattre les rebelles.

Un nouvel état

Après un demi-siècle de conflit avec la République du Soudan, le Soudan du Sud a obtenu son indépendance le 9 juillet. Il est le 54e Etat membre de l’Union africaine. Au-delà des litiges quant aux tracés des frontières, le Prédisent du Soudan, Omar el-Béshir, et celui du Sud, Salva Kiir, s’accusent mutuellement de soutenir des milices rebelles.

Des élections par-ci, des violences par-là

Le Nigéria est touché par des violences suite à la réélection de Goodluck Jonathan en avril. Celles-ci ont causé la mort de plus de 800 personnes, selon Human Rights Watch (HRW). Le groupe islamiste de Boko Haram, contre le gouvernement et pour l’instauration stricte de la loi islamique, a dernièrement revendiqué la série d’attentats de Noël contre la communauté chrétienne. En représaille, une école coranique a été attaquée. Sept enfants ont été blessés. Les autorités craignent une escalade de violences interconfessionnelles.

En République Démocratique du Congo (RDC), le président sortant Joseph Kabila a été réélu avec 48,95% des suffrages lors de l’élection présidentielle du 28 novembre. L’opposant Etienne Tshisekedi, arrivé avec 32,33% des suffrages, a rejeté en bloc les résultats et s’est autoproclamé « président élu ». L’élection s’est déroulée dans un climat de tensions durant laquelle des violences meurtrières ont eu lieu.

Les Libériens ont réélu, en novembre, Ellen Johnson Sirleaf à la tête du Liberia (90,7%). Au second tour, son rival, Winston Tubman, a retiré sa candidature. Le scrutin a été précédé de violences.

Au Niger, après les élections reconnues libres et transparentes par les différents observateurs, en mars et avril 2011, l’opposant Mahamadou Issoufou a prêté serment le jeudi 7 avril. Le même jour, il nomme Brigi Rafini au poste de Premier ministre. De fait, la transition entamée après le putsch de 2010 a pris fin avec l’investiture d’Issoufou.

Michael Sata, principal candidat de l’opposition, a remporté la présidentielle de la Zambie.

Au Maroc, les protestations n’ont pas été aussi denses que chez son voisin tunisien ou égyptien. Mais le Mouvement du 20 février continue d’organiser des manifestations pour plus de justice et de démocratie. Le parti islamiste Justice et Bienfaisance (PJD) a remporté, en novembre, les élections législatives anticipées. Le leader du parti, Abdelilah Benkirane, a été nommé Premier ministre. C’est la première fois que dans le royaume chérifien un parti islamiste accède au pouvoir. Toutefois, le roi Mohammed VI reste le chef suprême.

Des catastrophes, des récompenses et une « CPI africaine »

Alors que l’Afrique de l’Est a été le théâtre d’une grave crise humanitaire provoqué par une sécheresse de grande ampleur dont la Somalie a été l’épicentre, la Présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, s’est vue remettre le prix Nobel de la paix.

La Gambienne Fatou Bensouda, 50 ans, a été élue lundi 12 décembre nouvelle procureure de la Cour pénale internationale (CPI) par les 120 Etats membres du tribunal. Elle succèdera, en juin, à Luis Moreno Ocampo.

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