
A 46 ans, RIM’K prouve avec son nouvel EP « RUN » qu’il reste l’un des artistes les plus innovants du rap français. Entre collaborations intergénérationnelles avec SDM et TH, et fidélité à ses racines kabyles, le « Tonton » du rap hexagonal continue d’écrire l’histoire d’une musique qui a su créer des ponts entre la France et l’Algérie. Retour sur un parcours exceptionnel qui, de « Tonton du Bled » à « RUN », incarne la richesse de la diversité culturelle française.
En janvier 2025, RIM’K démarre l’année en force avec son nouvel EP « RUN », une œuvre unique qui conjugue héritage culturel et modernité musicale. A 46 ans, Abdelkarim Brahmi, de son vrai nom, prouve qu’il reste l’un des artistes les plus pertinents de la scène rap française, capable de fédérer toutes les générations autour de son univers musical.
Lire son interview sur Afrik : Rim’K : « L’unité va au-delà des frontières » avec Maghreb United
L’EP, sorti le 10 janvier sans grande promotion, s’articule autour de quatre titres : « Exoplanète », « Game Plan » (avec TH), « Run » (avec SDM) et un quatrième morceau. Cette sortie a été marquée par un coup de maître marketing : trois clips dévoilés en l’espace de 24 heures, une stratégie qui a permis à l’artiste de créer un véritable événement sur les réseaux sociaux.
Des racines kabyles profondément ancrées
Né en 1978 à Paris dans une famille d’origine kabyle algérienne, RIM’K n’a jamais renié ses origines. Son père, originaire du village de Barbacha près de Béjaïa en Kabylie, fait partie de cette génération d’immigrés venus travailler en France. Cette double culture franco-algérienne constitue l’ADN même de l’artiste et irrigue l’ensemble de son œuvre musicale.
Le rappeur a d’ailleurs toujours revendiqué cette « kabylité » avec fierté, adoptant parfois devant les médias le port de la djellaba ou des tenues traditionnelles. Cette fierté identitaire s’exprime aussi dans sa musique, où il n’hésite pas à intégrer des sonorités orientales et des références à sa culture d’origine.
« Tonton du Bled » : L’hymne d’une génération
Impossible d’évoquer RIM’K sans parler de « Tonton du Bled« , ce monument du rap français sorti en 1999 avec le groupe 113. Ce titre, devenu culte, raconte avec humour et nostalgie les voyages estivaux entre la France et l’Algérie, ces épopées familiales dans des Peugeot 504 surchargées qui ont marqué des générations entières d’enfants d’immigrés.

Le morceau, produit par feu DJ Mehdi, intègre un sample de chaâbi, la musique traditionnelle algérienne. RIM’K avait lui-même apporté des cassettes pirates d’Algérie et des vinyles de ses parents pour créer cette fusion unique entre rap et musique orientale. Cette approche novatrice a ouvert la voie à de nombreux artistes franco-maghrébins dans le rap français.
L’impact culturel de « Tonton du Bled » dépasse largement le cadre musical. Le titre est aujourd’hui étudié dans certains collèges français dans le cadre de cours sur le thème « Rap et migration : les liens avec le pays d’origine« . Une reconnaissance institutionnelle qui témoigne de l’importance de cette œuvre dans le patrimoine culturel français.
L’innovation constante au service de l’authenticité
Avec « RUN », RIM’K démontre sa capacité à évoluer avec son temps sans renier ses racines. Là où beaucoup d’artistes de sa génération peinent à s’adapter aux nouvelles tendances musicales, le rappeur de Vitry-sur-Seine navigue avec aisance entre boom bap classique, trap et 2step.

La collaboration avec SDM, l’un des rappeurs les plus en vue de la nouvelle génération, illustre cette capacité d’adaptation. Sur une production signée Boumidjal et Holomobb, deux producteurs reconnus pour leur travail avec Kaaris ou Niska, RIM’K déploie un flow percutant et des punchlines acérées qui n’ont rien à envier aux plus jeunes.
Un héritage musical transmis de génération en génération
L’influence de RIM’K sur le rap français contemporain est indéniable. De nombreux artistes actuels d’origine maghrébine, comme Soolking, Lacrim, Fianso ou PNL, s’inscrivent dans la lignée tracée par le Tonton. Il a montré qu’il était possible de réussir dans le rap français tout en restant fidèle à ses origines et en les intégrant dans sa musique.
Cette transmission se manifeste aussi dans ses collaborations intergénérationnelles. De Ninho sur « Air Max » (devenu un tube en 2018) à SDM sur « Run », RIM’K continue de créer des ponts entre les époques et les styles. Cette ouverture lui permet de rester pertinent auprès des jeunes tout en conservant son statut de légende vivante du rap français.
Le rappeur prépare un concert événement le 12 décembre à l’Adidas Arena de Paris pour célébrer ses 30 ans de carrière. Cette date symbolique marquera trois décennies d’une trajectoire exceptionnelle, depuis la formation du collectif Mafia K’1 Fry en 1994 jusqu’à aujourd’hui.