RDC : un journaliste exilé agressé en Belgique, Kinshasa pointé du doigt


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Exilé en Belgique depuis un an, le journaliste congolais Claude Pero Luwara a été violemment agressé devant son domicile. Ses proches accusent Kinshasa d’avoir commandité l’attaque, une affaire qui soulève de vives inquiétudes sur la sécurité des journalistes en exil et menace de tendre les relations entre Bruxelles et la RDC.

Le journaliste congolais Claude Pero Luwara a été violemment agressé devant son domicile à Tirlemont, en région flamande. Alors que les autorités belges ont ouvert une enquête, son entourage et son avocat accusent directement le gouvernement congolais d’avoir commandité cette attaque.

Une agression d’une extrême violence

Mercredi 27 août, Claude Pero Luwara a été surpris par un groupe d’individus cagoulés alors qu’il sortait de sa voiture. « J’ai reçu un coup violent au visage, je suis tombé, et plusieurs personnes se sont acharnées sur moi avec des armes blanches », a-t-il raconté sur le plateau de TV5MONDE, le visage tuméfié et des pansements visibles. Grâce à ses réflexes d’arts martiaux et à l’intervention rapide de ses voisins, il a pu se dégager et survivre à l’attaque.

L’enquête ouverte par les autorités belges a déjà conduit à l’interpellation d’un suspect, mais la procédure n’en est qu’à son stade préliminaire. En attendant, le journaliste bénéficie désormais d’une protection policière renforcée.

Des menaces persistantes depuis Kinshasa

Claude Pero Luwara vit en exil depuis 2022, après avoir fui la République démocratique du Congo en raison de menaces répétées. En mars dernier, l’ancien ministre de la Justice Constant Mutamba l’avait publiquement accusé d’être complice du mouvement rebelle AFC/M23 et avait promis une récompense de quatre millions de dollars pour son arrestation.

Pour son avocat, Hervé Diakiese, il ne fait aucun doute que l’agression est liée à cette mise à prix : « Les autorités congolaises avaient placé une cible sur la tête de mon client. Aujourd’hui, nous en voyons les conséquences. C’est une violation flagrante de la souveraineté belge. »

Kinshasa accusé de « dictature »

Le journaliste ne mâche pas ses mots. Il désigne le régime du président Félix Tshisekedi comme le commanditaire de ce qu’il qualifie d’« attentat » : « Ce n’est pas une estimation, c’est clair que c’est le régime de Kinshasa qui a organisé cette attaque », a-t-il affirmé. Il a appelé la communauté internationale à rompre avec ce qu’il considère comme une complaisance vis-à-vis du pouvoir congolais.

Lui et d’autres confrères en exil, comme le journaliste Baelenge Irenge, affirment être régulièrement la cible de menaces directes, y compris sur les réseaux sociaux. Pour eux, cette agression illustre une stratégie d’intimidation visant à faire taire les voix critiques du régime au-delà des frontières de la RDC.

Une affaire aux répercussions diplomatiques

Si Kinshasa n’a pas officiellement réagi, les accusations portées par Claude Pero Luwara et son entourage pourraient tendre davantage les relations avec Bruxelles. L’affaire soulève aussi des interrogations plus larges sur la sécurité des journalistes exilés et sur la capacité des démocraties européennes à protéger ceux qui fuient la répression politique.

« Je vais très bien, je suis vivant, c’est le plus important », a conclu le journaliste malgré ses blessures. Mais pour ses soutiens, cette affaire marque un tournant grave : la répression congolais s’exporterait désormais jusqu’au cœur de l’Europe.

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Fidèle K est journaliste et rédactrice spécialisée, passionné par l'Afrique et ses dynamiques politiques, culturelles et sociales. A travers ses articles pour Afrik, elle met en lumière les enjeux et les réalités du continent avec précision et engagement.
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