RDC : l’opposant Seth Kikuni interpellé à son retour à Kinshasa après le conclave « Sauvons la RDC »


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Seth Kikuni

À peine rentré à Kinshasa après avoir participé au conclave de l’opposition organisé à Nairobi sous la houlette de l’ex-président, Joseph Kabila, l’opposant Seth Kikuni a été interpellé ce samedi 18 octobre à l’aéroport de N’Djili. Une arrestation jugée arbitraire par ses proches, qui dénoncent une dérive autoritaire du régime Tshisekedi. 

L’opposant congolais Seth Kikuni a été à nouveau interpellé. L’arrestation est intervenue à l’aéroport de N’djili où il venait à peine de poser les pieds.

Un retour au pays brutalement interrompu

L’opposant congolais Seth Kikuni a été arrêté ce samedi à son arrivée à l’aéroport international de N’djili, à Kinshasa. Selon plusieurs témoins et proches du leader politique, son passeport aurait été confisqué avant qu’il ne soit emmené par des agents se réclamant de l’Agence nationale de renseignement (ANR) et de la DEMIAP vers une destination encore inconnue. L’information a été confirmée et dénoncée par l’ancien député Claudel Lubaya, qui a alerté l’opinion publique dans un message publié sur les réseaux sociaux.

« Arrivé ce samedi à Kinshasa par le vol régulier de Kenya Airways, l’opposant Seth Kikuni a vu son passeport confisqué par la DGM avant d’être interpellé par des agents se réclamant de l’ANR et de la DEMIAP », a indiqué Claudel Lubaya. Avant d’ajouter : « Ils l’ont emmené vers une destination inconnue. »

Des collaborateurs de l’opposant présents sur les lieux, affirment qu’ils ont perdu toute trace de lui après son transfert.

Une arrestation aux airs de représailles politiques

Cette interpellation intervient au lendemain de la participation de Seth Kikuni au conclave de l’opposition intitulé « Sauvons la RDC », organisé à Nairobi du 14 au 15 octobre sous la présidence de l’ancien chef de l’État Joseph Kabila.
Autour de Kabila, plusieurs figures politiques – dont Matata Ponyo, Raymond Tshibanda et Seth Kikuni lui-même – ont dénoncé la « crise multiforme » que traverse la République démocratique du Congo et ont appelé à un dialogue inclusif pour « restaurer la démocratie » et « garantir la cohésion nationale ».

Seth Kikuni, connu pour son ton critique envers le pouvoir de Félix Tshisekedi, avait publié, la veille de son retour, un message énigmatique sur son compte X (ancien Twitter) : « Objectif du week-end : rentrer au pays et traverser la vallée de l’ombre de la mort sans rien craindre ».

Ce message, interprété aujourd’hui comme prémonitoire, a pris une résonance particulière après son arrestation.

Le parti de Kikuni dénonce une « arrestation arbitraire et violente »

Dans un communiqué publié peu après la nouvelle, le mouvement Piste pour l’Émergence, fondé et dirigé par Seth Kikuni, a dénoncé une « arrestation arbitraire et violente ». Le texte, signé par Josué Mbukawulu Katika, secrétaire national chargé de la communication, accuse le régime d’une « dérive totalitaire » et exige la libération immédiate et sans condition de son président. « Cet acte de répression politique illustre la dérive totalitaire d’un pouvoir en perte de légitimité », écrit le responsable.

L’organisation appelle également la communauté internationale à observer de près la situation des libertés publiques en RDC, à un moment où plusieurs opposants et militants se plaignent d’un virage de plus en plus autoritaire du pouvoir de Kinshasa.

Un opposant déjà visé par la justice congolaise

Âgé de 37 ans, Seth Kikuni s’était fait connaître comme le plus jeune candidat à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018. Entrepreneur et figure montante de la société civile avant son entrée en politique, il s’était positionné comme un réformateur libéral et moderniste, prônant une rupture avec la vieille classe politique.

Mais son activisme lui a déjà valu plusieurs ennuis judiciaires : en novembre 2024, il avait été condamné à un an de prison pour « incitation à la désobéissance civile » et « propagation de faux bruits ». Il n’avait recouvré la liberté que le 1ᵉʳ mars 2025, après six mois de détention à la prison centrale de Makala.

Lire aussi : RDC : Seth Kikuni, Mike Mukebayi et Denise Mukendi libérés de la prison de Makala

Pour l’heure, aucune réaction officielle n’a été enregistrée, ni du côté des autorités, congolaises ni des services de sécurité cités. Cette interpellation, dont les circonstances restent floues, ravive les inquiétudes sur le climat politique en RDC, où plusieurs acteurs de l’opposition dénoncent une répression systématique des voix dissidentes.

De Nairobi à Kinshasa, le cas de Seth Kikuni cristallise désormais les tensions entre un pouvoir accusé de museler ses détracteurs et une opposition en quête d’une nouvelle cohésion autour de l’ancien Président Joseph Kabila.

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Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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