
Longtemps symbole d’impunité, la corruption politique au Maroc semble connaître un tournant inédit. À quelques mois des législatives, plusieurs candidats soupçonnés d’enrichissement illégal ou d’achat de voix se sont retirés, sous la pression d’une jeunesse marocaine de plus en plus déterminée à imposer la transparence et l’éthique publique.
Sur les réseaux sociaux et dans les rues, la Génération Z marocaine (notamment le mouvement « GenZ 212 ») impose ses revendications : moins d’inégalités, plus de justice sociale, et la fin de la corruption.
« Nous sommes la jeunesse, nous ne sommes pas des parasites », le slogan repris par les manifestants sur l’ensemble du royaume montre le chemin que ces jeunes veulent faire emprunter au royaume chérifien.
Dans ce contexte, des listes citoyennes circulent, des appels à la non-validation de candidatures douteuses se multiplient, et plusieurs candidats au profil entaché ont choisi de se retirer. Parfois prétextant des raisons administratives ou internes, mais leurs controverses étaient bien connues, et la raison est bien la perssion mise par la Gen Z.
Vers un changement institutionnel ou symbolique ?
Dans un pays comme le Maroc où la corruption et le népotisme sont endémiques, on peut s’interroger sur le fait que cette évolution soit pérenne ? Pourtant, pour accompagner cette dynamique, des initiatives officielles montrent des signes de réactivité. L’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption (INPPLC), institution constitutionnelle indépendante, a vu ses responsabilités revues et renforcées récemment.
Mais le défi reste de taille : comment traduire le vent éthique en réformes durables ? Certains réclament la publication obligatoire des patrimoines des candidats, le contrôle strict des financements électoraux, ou la révocabilité des élus fautifs. Beaucoup craignent aussi que ce tournant ne soit davantage symbolique qu’authentique. Il est à craindre que ce soit une simple manœuvre électorale pour apaiser les esprits. Qu’attendre d’autre dans un pays où la monarchie et les proches du pouvoir controlent l’économie dans une opacité complète.
Le retrait de candidats influents et la crainte nouvelle de l’opprobre public pourrait imposer un nouveau standard : celui où la réputation devient un capital à préserver. Que cette transformation soit profonde ou partielle, elle témoigne cependant déjà d’un basculement du rapport entre société civile et pouvoir.