
Condamné à mort par contumace, Joseph Kabila refait surface à Nairobi, où il a réuni plusieurs figures de l’opposition congolaise. Ce conclave, dénoncé par Kinshasa comme une provocation, ravive les tensions politiques en RDC. L’ancien président semble vouloir redevenir un acteur clé dans un pays toujours en quête de stabilité.
L’ancien président congolais Joseph Kabila, condamné à mort par contumace fin septembre pour « trahison » et « crimes de guerre », est réapparu publiquement à Nairobi, où il a présidé un conclave d’opposants. Cette initiative, perçue par Kinshasa comme une provocation, rebat les cartes d’un échiquier politique déjà sous tension en République démocratique du Congo (RDC).
Un retour politique sous le sceau de la défiance
Joseph Kabila, qui avait dirigé la RDC de 2001 à 2019, n’avait plus fait d’apparition publique depuis sa condamnation par la justice militaire congolaise. À Nairobi, il a rassemblé autour de lui plusieurs figures de l’opposition, dont l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo et le militant Bienvenu Matumo, ex-leader du mouvement Lucha.
Ce conclave, tenu les 14 et 15 octobre, s’est soldé par la création d’un nouveau front politique baptisé « Mouvement sauvons la RDC ». Les participants ont dénoncé la « dictature » du président Félix Tshisekedi et la « dégradation sécuritaire » du pays, tout en appelant les Congolais à « résister » et à « refuser les jugements iniques » contre les opposants.
Un conclave perçu comme un défi au régime Tshisekedi
Kinshasa n’a pas tardé à réagir. Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a qualifié la réunion de « mascarade politique », accusant Nairobi de se transformer en « capitale du complot contre la RDC ». Selon lui, cette rencontre serait avant tout l’expression d’une « nostalgie des privilèges perdus » de la part d’anciens dignitaires désormais condamnés ou marginalisés.
L’ancien président Kabila, âgé de 54 ans, est accusé d’avoir collaboré avec le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, qui contrôle plusieurs zones de l’est du pays. Sa condamnation, intervenue après plusieurs revers militaires de l’armée congolaise, est perçue par certains analystes comme une tentative du pouvoir de l’empêcher de redevenir une figure centrale de l’opposition.
La RDC, toujours prisonnière de ses fractures
Le conclave de Nairobi intervient dans un contexte où l’est du pays reste ravagé par les affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23. Riche en ressources minières, la région est depuis trois décennies l’épicentre d’une instabilité chronique alimentée par les rivalités régionales et les failles de gouvernance à Kinshasa.
Dans ce climat explosif, la résurgence politique de Joseph Kabila pourrait accentuer les divisions internes. Bien qu’en exil, l’ex-président conserve un réseau d’alliés au sein de l’armée et du monde des affaires, ce qui inquiète le pouvoir en place.