
De violents affrontements ont secoué, dimanche 7 septembre, le territoire de Masisi, au Nord-Kivu, où les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23) ont conquis huit localités après des combats acharnés contre les milices Wazalendo, alliées à l’armée congolaise. Cette nouvelle avancée des insurgés illustre la fragilité du processus de paix en cours et accentue la crise sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo.
Plus les jours passent, plus le retour de la paix semble être un mirage dans l’est de la RDC où les rebelles de l’AFC/M23 ne cessent d’opérer des percées. En témoignent les nouvelles conquêtes opérées par ces rebelles ce dimanche.
Nouvelles conquêtes et populations en fuite
Les localités de Mafuo, Biholo, Shoa, Bwambaliro, Busoro, Kinyeere, Burora et Ngesha, situés dans le secteur d’Osso Banyungu, sont désormais sous le contrôle du M23, selon des sources sécuritaires locales. Les combats, qui ont duré toute la journée, ont forcé les Wazalendo à se replier vers Kazinga et Mahanga, à la limite avec le territoire de Walikale.
La localité de Shoa symbolise cette lutte acharnée. Samedi encore, elle était brièvement contrôlée par les forces pro-gouvernementales, mais les rebelles l’ont reprise dès dimanche matin. « Nous sommes maintenant sous l’autorité des rebelles du M23, qui ont attaqué tôt ce dimanche et ont chassé les Wazalendo », a témoigné un habitant, Steven Bwema. Ces combats ont provoqué l’exode de nombreux civils, contraints de quitter leurs maisons pour se réfugier dans des zones plus sûres.
Ressources minières et rivalités régionales
Au-delà de l’aspect militaire, le territoire de Masisi reste un enjeu majeur en raison de ses richesses en or, cobalt et tantale. Depuis plus de trois mois, le M23 et les forces pro-gouvernementales se disputent ces zones stratégiques.
Kinshasa et ses partenaires internationaux accusent le Rwanda de soutenir militairement le M23, ce que Kigali dément. Ces soupçons alimentent les tensions diplomatiques et renforcent l’idée que la crise dans l’est de la RDC dépasse largement le cadre local. La semaine dernière, les rebelles Twigwaneho, alliés du M23, avaient déjà affronté les Wazalendo dans le Sud-Kivu, confirmant l’extension de cette guerre d’influence régionale.
Des accords de paix fragilisés
Ces affrontements surviennent malgré la signature, en juillet dernier à Doha, d’une Déclaration de principes censée instaurer un cessez-le-feu entre Kinshasa et les groupes armés. Quelques semaines plus tôt, un accord conclu à Washington avait également réaffirmé la volonté de mettre fin aux hostilités. Mais sur le terrain, les combats ne cessent de s’intensifier.
Le général Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC, a dénoncé une « violation flagrante » de ces accords, accusant l’AFC/M23 de défier la communauté internationale et de menacer la stabilité du pays. Pendant ce temps, les Wazalendo annoncent vouloir se réorganiser pour reprendre l’initiative militaire. Pendant ce temps, ce sont les populations civiles, premières victimes de cette guerre à répétition, qui continuent de payer le prix fort dans un contexte d’incertitude et de violences récurrentes.