Washington peut-il vraiment apaiser Kinshasa et Kigali ?


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Tensions entre la RDC et le Rwanda
Tensions entre la RDC et le Rwanda

Vendredi 27 juin 2025 à Washington, la République démocratique du Congo et le Rwanda ont franchi un nouveau cap dans leur relation tumultueuse. Leurs ministres des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner et Olivier Nduhungirehe, ont signé un accord de paix sous l’égide des États-Unis, représentés par le Secrétaire d’État Marco Rubio.

Dans un contexte marqué par des décennies de méfiance, de violences et d’enjeux économiques majeurs, ce geste diplomatique soulève une question essentielle : l’Amérique a-t-elle les moyens de réconcilier Kigali et Kinshasa là où l’Afrique a échoué ?

Une paix signée sans les présidents, mais pas sans symboles

Contrairement au cadre initial du processus de Luanda qui prévoyait une signature présidentielle, c’est finalement à Washington que les chefs de la diplomatie congolaise et rwandaise ont apposé leur signature. Ce changement n’est pas anodin. Il reflète une volonté d’avancer malgré l’absence de consensus sur des sujets sensibles comme le M23, désormais géré à Doha sous médiation qatarie. Si le sommet présidentiel est reporté, l’accord de Washington reste toutefois considéré comme définitif. Il prévoit notamment le respect de l’intégrité territoriale, le désengagement des forces, et la création d’un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire.

L’empreinte américaine : un poids inédit dans les négociations

L’implication directe des États-Unis constitue une nouveauté stratégique. Washington, fort de ses liens historiques avec Kigali et de son rôle croissant en Afrique centrale, a offert un cadre crédible où les deux parties ont accepté de dialoguer. Comme le souligne Thierry Vircoulon de l’IFRI, les États-Unis disposent d’un « convening power« , une capacité rare de réunir des acteurs opposés autour d’une même table. Cette dynamique de médiation, renforcée par l’appui du Qatar, donne au texte une portée que les précédentes tentatives de paix n’avaient pas su garantir.

Minerais, milices et méfiance : un terrain miné pour la mise en œuvre

La signature à Washington ne fait cependant pas disparaître les obstacles enracinés dans la réalité du terrain. À l’est de la RDC, la situation reste explosive : le M23 contrôle encore des villes comme Goma et Bukavu, et une multitude de groupes armés échappent à tout contrôle gouvernemental. Le fond du conflit reste lié à l’accès aux ressources stratégiques de la région, cobalt, cuivre, lithium, convoitées autant par des États que par des intérêts privés. La promesse de désarmement et de retour des déplacés devra faire face à des enjeux politiques et économiques bien plus complexes que ceux que l’encre d’un accord peut résoudre.

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