RDC, territoire de Rutshuru : affrontements meurtriers entre FARDC, Wazalendo et AFC/M23 à Lushebere


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Le M23 sème la terreur dans le Nord-Kivu
Des rebelles du M23

Le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, est de nouveau en proie à une intensification des combats. Depuis l’aube de ce dimanche 25 mai, de violents affrontements opposent les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) appuyées par les miliciens Wazalendo, aux rebelles du M23 affiliés à l’Alliance fleuve Congo (AFC), dans la localité stratégique de Lushebere, située entre Kishishe et Bambo, en pleine chefferie de Bwito.

Les habitants de Lushebere, une localité située dans le territoire de Rutshuru, province du Nord-Kivu, ont été réveillés, ce dimanche matin, par le crépitement des armes. En effet, les affrontements ont repris dans cette localité entre les FARDC, leurs alliés Wazalendo et le M23.

Une attaque coordonnée de l’AFC/M23

Selon plusieurs sources concordantes sur le terrain, les hostilités ont été déclenchées par une offensive de l’AFC/M23 contre les positions conjointes des FARDC et des Wazalendo. Chirac Mafula, président du Parlement des jeunes de la chefferie de Bwito, aujourd’hui déplacé à Lubero, témoigne : « Les terroristes de l’AFC/M23, appuyés par les RDF (Forces rwandaises), ont attaqué dès ce matin les positions des VDP-Wazalendo et des FARDC à Lushebere. Les affrontements ont duré jusqu’en début d’après-midi, semant la panique dans les localités environnantes ».

Ce regain de tensions survient alors que le M23 continue de progresser sur l’axe Lushebere-Kishishe-Bambo malgré les multiples appels à la cessation des hostilités. Le bilan des combats reste, à ce stade, indéterminé, mais la peur de représailles et de tirs perdus s’est rapidement propagée chez les civils, dont certains venaient tout juste de retourner dans leurs villages.

Crise humanitaire en aggravation

La situation humanitaire dans la chefferie de Bwito devient critique. Depuis trois semaines, plus de 900 familles ont été forcées de fuir les combats entre les rebelles du M23 et les miliciens Wazalendo. Beaucoup de déplacés ont trouvé refuge à Bambo-Centre, où les conditions d’accueil sont dramatiquement précaires.

Matilde Gueho, cheffe de mission adjointe de Médecins Sans Frontières à Goma, a confirmé, le 22 mai 2025, que près de 500 ménages sont installés dans des bâtiments publics transformés en abris de fortune – écoles, églises ou sites improvisés –, tandis que 4 000 personnes supplémentaires sont hébergées chez des familles déjà vulnérables.

Face à cette spirale de violences, les voix se multiplient pour appeler les autorités congolaises à agir. Un notable de Bwito, sous couvert d’anonymat, plaide pour une réaction rapide et coordonnée : « Le gouvernement doit s’atteler à démanteler l’activisme des groupes armés, en particulier le M23 et les ADF, pour permettre un retour sécurisé des populations déplacées. Nous attendons aussi un soutien fort de la communauté régionale et internationale pour une désescalade durable ».

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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