
Le mouvement rebelle M23 a franchi une nouvelle étape dans son offensive à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) en s’emparant, mardi 6 mai 2025, de la ville minière de Luhwindja, dans le Sud-Kivu. Les combats, qui ont éclaté en matinée et se sont poursuivis jusqu’à tard dans la nuit, ont opposé les rebelles aux volontaires Wazalendo, des civils armés appuyant l’armée congolaise.
Le M23 s’est emparé de la ville minière de Luhwindja, à l’Est de la RDC. Selon Kyalundawa Mwangye, un responsable local, les forces du M23 ont été plus puissantes, repoussant la résistance populaire et consolidant leur emprise sur la ville.
La prise de Luhwindja est loin d’être anodine : cette localité est riche en ressources naturelles, notamment en or et en cuivre. Le contrôle de cette ville renforce donc la stratégie du M23 visant à s’approprier les zones économiquement clés. Alors que les autorités militaires congolaises gardent le silence sur cette dernière avancée, la frustration du haut commandement reste palpable face à l’absence de réponse efficace sur le terrain.
Extension des combats et prise de Kalehe-centre
La prise de Luhwindja intervient dans un contexte de multiplication des fronts. D’autres combats ont été signalés le lendemain à Minembwe, où l’armée congolaise affrontait le groupe Twirwaneho, soupçonné d’être soutenu par le M23 et affilié au mouvement burundais Red-Tabara. Cette montée des tensions témoigne de l’enlisement du conflit qui dure depuis plus de trois décennies et qui continue de provoquer déplacements massifs et pertes humaines.
Le 12 février 2025, une autre avancée importante du M23 a été signalée avec la prise de Kalehe-centre et d’Ihusi, situées à une soixantaine de kilomètres de Bukavu. Cette progression permet aux rebelles de contrôler un nœud routier stratégique dans le Sud-Kivu. Le lendemain, de nouveaux affrontements étaient rapportés dans les localités environnantes, notamment Chofi et Kasheke, accentuant la pression sur la population et les infrastructures de la région.
Le Nord-Kivu également sous tension
Dans le Nord-Kivu, la situation est tout aussi critique. Des affrontements violents sont signalés dans le territoire de Lubero, particulièrement à Ndoluma, marquant la persistance d’une guerre de haute intensité. Les bruits d’armes lourdes y sont quotidiens, ce qui alimente un climat de peur et d’instabilité. Le soutien présumé du Rwanda au M23 attise la colère de Kinshasa, qui dénonce une ingérence régionale visant à déstabiliser l’Est congolais.
Cette tension transfrontalière se reflète également dans la nervosité croissante de pays voisins comme le Burundi et l’Ouganda, qui redoutent que le conflit ne s’étende à leurs territoires. Le rôle du Rwanda dans cette crise reste vivement débattu, d’autant que Kigali nie toute implication tandis que les preuves d’un soutien logistique et militaire au M23 se multiplient selon plusieurs sources congolaises et internationales.
Tentatives de médiation des Églises et acteurs internationaux
Face à l’impasse militaire, les Églises catholique et protestante ont tenté de s’impliquer en jouant la carte de la médiation. Le 12 février, leurs représentants ont rencontré Corneille Nangaa, coordonnateur du M23, à Goma. Cette initiative visait à ouvrir un canal de dialogue direct, mais reste fragile. Des rencontres avec des responsables rwandais, dont Paul Kagame, sont également envisagées pour désamorcer les tensions.
Sur le plan diplomatique, le Qatar s’est imposé comme un médiateur clé dans les dernières semaines. Les pourparlers tenus à Doha ont abouti, fin avril, à un accord de cessez-le-feu immédiat entre le gouvernement congolais et l’Alliance Fleuve Congo (M23/AFC). C’est la première fois en plus de trois ans que des négociations directes ont lieu entre les deux camps.
Cessez-le-feu fragile et réalités du terrain
Le cessez-le-feu, annoncé à Doha, avait suscité un espoir de désescalade. Les deux parties s’étaient engagées à rejeter les discours de haine et à s’attaquer aux causes profondes du conflit. Pourtant, la réalité sur le terrain montre une dynamique opposée : les attaques se poursuivent, notamment dans les territoires de Walikale (Nord-Kivu) et de Walungu (Sud-Kivu), malgré les engagements diplomatiques.
Le 22 mars, dans un apparent geste de bonne volonté, le M23 avait annoncé un retrait de la ville de Walikale. Toutefois, cette annonce n’a pas empêché de nouvelles offensives quelques jours plus tard, remettant en question la sincérité du cessez-le-feu. Selon le porte-parole de l’armée congolaise, le général Ekenge, les FARDC restent déterminées à défendre la population contre toute violation de l’accord.