
Lors d’une visite officielle de deux jours au Mali, du 21 au 22 juillet 2025, William B. Stevens, sous-secrétaire d’État adjoint pour l’Afrique de l’Ouest et envoyé spécial des États-Unis au Sahel, a réaffirmé l’engagement de Washington à lutter contre le terrorisme aux côtés des pays africains.
Lors d’une conférence de presse organisée à la résidence du Premier Conseiller de l’ambassade américaine à Bamako, William B. Stevens a clairement indiqué que la menace représentée par des groupes comme Al-Qaïda, le JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), ou encore l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), est perçue comme un danger direct pour les États-Unis.
« La lutte contre le terrorisme, c’est la lutte de tout le monde », a souligné Stevens, insistant sur l’importance d’une coopération active avec les autorités maliennes. Les États-Unis, a-t-il affirmé, sont prêts à apporter leur expertise, notamment en matière de traçabilité des financements, en ciblant les ressources financières des groupes terroristes, souvent dissimulées dans des circuits financiers internationaux.
Une relation à reconstruire, au-delà de la sécurité
Le diplomate américain a également évoqué d’autres axes stratégiques de coopération. La santé, le commerce et l’investissement figurent parmi les priorités, dans un contexte où les relations bilatérales ont été mises à mal ces dernières années. L’annonce de la création prochaine d’une Chambre américaine de commerce au Mali témoigne de la volonté de Washington de redynamiser sa présence économique dans le pays, tout en favorisant l’investissement privé.
Stevens a par ailleurs rencontré le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, pour des échanges portant sur la souveraineté nationale, le processus de paix au Mali et la coopération bilatérale globale. Une étape importante dans un contexte marqué par le retrait partiel de certains partenaires traditionnels du Mali et la montée en puissance d’acteurs non occidentaux.
Le modèle nigérien : une coopération sécuritaire exemplaire
La coopération sécuritaire entre les États-Unis et les pays africains dans la lutte contre le terrorisme ne date pas d’hier. Le Niger, par exemple, a longtemps été un partenaire stratégique des États-Unis au Sahel. Jusqu’au coup d’État de juillet 2023, qui a tendu les relations, plus de 1 000 soldats américains étaient déployés dans le pays, avec des bases militaires importantes comme celle d’Agadez, destinée à la surveillance par drones.
Washington avait investi des centaines de millions de dollars dans la formation des forces nigériennes, la fourniture de matériel militaire, et le renseignement. Même si la situation politique actuelle a rendu plus compliqué cette coopération, elle met en exergue l’approche américaine en matière de lutte antiterroriste sur le continent : partenariats militaires, soutien logistique, et appui au développement local pour prévenir l’extrémisme.
Coopérations discrètes mais efficaces au Kenya et en Somalie
En Afrique de l’Est, la coopération entre les États-Unis, le Kenya et la Somalie est également révélatrice d’une stratégie multidimensionnelle. Dans la lutte contre les shebabs, affiliés à Al-Qaïda, Washington a mené des frappes ciblées via des drones, formé des unités spéciales kényanes et soutenu les forces de l’Union africaine déployées en Somalie.
Le Kenya est considéré comme un partenaire-clé, bénéficiant d’une coopération militaire étroite, d’équipements de pointe et de formations régulières. En parallèle, des projets civils de résilience communautaire, financés par l’USAID, visent à réduire l’attrait des groupes extrémistes auprès des jeunes vulnérables.