Le Mali sous feu : l’armée cible d’une vague d’attaques depuis l’arrivée au pouvoir du colonel Goïta


Lecture 5 min.
Les Forces armées du Mali
Les Forces armées du Mali

Le Mali a une nouvelle fois été secoué par une vague d’attaques terroristes coordonnées contre les positions de l’armée nationale. Selon des sources militaires, au moins sept attaques simultanées ont visé les Forces armées maliennes (FAMa) à Niono, Modolo, Sandaré, Nioro du Sahel, Diboli, Gogui et Kayes, situés dans les régions de Ségou, Nioro du Sahel et Kayes. L’État-major général des armées, dans une communication officielle, a confirmé ces offensives sur sa page Facebook, sans fournir pour l’instant de bilan humain ou matériel.

La Direction de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA) a annoncé, ce mardi 1er juillet 2025, que les Fama ont fait de plusieurs attaques ciblées et bien coordonnées. Les régions de Niono, Modolo, Sandaré, Nioro du Sahel, Diboli, Gogui et Kayes, situés dans les régions de Ségou, Nioro du Sahel et Kayes ont été la cible des terroristes. L’état-major a cependant précisé que la situation était « suivie de très près » et que des détails seraient partagés ultérieurement. L’armée malienne  fait face, depuis plusieurs années, à une insécurité grandissante, malgré les promesses de stabilité formulées par les autorités de transition dirigées par le colonel Assimi Goïta.

Un pays en proie à une insécurité persistante

Depuis qu’il a pris le pouvoir en mai 2021 à la suite d’un second coup d’État, le colonel Goïta s’est présenté comme l’homme providentiel pour restaurer l’ordre et la souveraineté nationale. Malgré une rupture progressive avec la France et l’arrivée de nouveaux partenaires sécuritaires comme la Russie, la situation sécuritaire reste extrêmement précaire. Les attaques contre les FAMa n’ont cessé de se multiplier, notamment dans le centre et le nord du Mali, où les groupes armés terroristes disposent d’un enracinement profond.

Le mois de juin 2025 a été particulièrement sanglant. Des groupes armés ont attaqué les positions des FAMa à Mahou (dans la région de Sikasso), Tessit (dans la région de Gao), mais aussi à Tombouctou, une ville stratégique du nord. Des infrastructures militaires comme le camp Fort Cheick Sidi Békaye ou encore l’aéroport de Tombouctou ont été pris pour cibles, montrant la capacité de nuisance et la mobilité des groupes djihadistes.

Des groupes terroristes toujours puissants malgré les opérations militaires

Parmi les principaux responsables de ces violences, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, continue de revendiquer plusieurs attaques meurtrières. Dirigé par Iyad Ag Ghali, une figure bien connue de l’insurrection sahélienne, le GSIM a revendiqué l’attaque du 1er juin contre le camp de Boulkessi, situé dans la région de Douentza, au centre du pays. Cette attaque, comme tant d’autres, a démontré la difficulté pour les FAMa de sécuriser durablement certaines zones sensibles du territoire.

En réponse, l’armée malienne a lancé de nombreuses opérations dites de « ratissage », parfois avec le soutien de mercenaires du groupe Wagner ou d’autres partenaires internationaux. Toutefois, les résultats restent mitigés : si certaines bases ennemies sont détruites, les djihadistes parviennent souvent à se replier pour frapper ailleurs, utilisant leur connaissance du terrain et le soutien de certaines communautés locales.

Un bilan humain et moral de plus en plus lourd

Depuis 2021, les pertes humaines au sein de l’armée malienne se comptent par centaines, voire milliers, bien que les chiffres officiels soient rarement publiés de manière transparente. Cette hémorragie de soldats, conjuguée à une fatigue morale évidente, fragilise les capacités opérationnelles de l’armée. Plusieurs analystes soulignent également le manque de coordination entre les différentes unités, ainsi que l’insuffisance des moyens logistiques pour faire face à des attaques simultanées comme celles de ce 1er juillet.

Pour la population civile, la situation est tout aussi dramatique. Le retrait progressif de l’État dans certaines zones, abandonnées à l’influence des groupes armés, favorise un climat d’impunité, d’extorsion et de représailles. De nombreuses familles fuient les villages les plus exposés. Le colonel Assimi Goïta, investi président de la Transition après avoir écarté les autorités civiles initialement désignées, avait promis un retour à la souveraineté nationale et à la paix durable.

Une légitimité des autorités actuelles contestée ?

Pourtant, quatre ans plus tard, la multiplication des attaques contre les FAMa montre que le défi sécuritaire reste entier. La restructuration de l’armée, les alliances régionales, et même le changement d’alliés internationaux n’ont pas encore apporté les résultats escomptés. Alors que les élections prévues dans le cadre de la transition ont été reportées à plusieurs reprises, la légitimité des autorités actuelles est de plus en plus contestée, aussi bien sur le plan intérieur qu’international.

Le gouvernement continue d’invoquer le patriotisme et la nécessité de refonder l’État, mais les citoyens attendent des résultats concrets, notamment en matière de sécurité. À l’approche de la saison des pluies, traditionnellement moins propice aux opérations militaires, de nombreux observateurs redoutent une recrudescence des attaques dans les zones accessibles. Les groupes terroristes pourraient profiter de cette période pour se réorganiser, renforcer leur emprise sur certaines régions, et préparer de nouvelles offensives contre les FAMa.

Avatar photo
Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News