
Face à l’intensification des attaques jihadistes à l’ouest du Mali, le Sénégal passe à l’offensive en matière de sécurité frontalière. Trois nouvelles unités de gendarmerie ont été déployées ce week-end dans les régions orientales du pays, aux confins du territoire malien. Une mesure jugée urgente et stratégique par les autorités sénégalaises, qui veulent éviter toute infiltration armée sur leur sol.
Face à la menace terroriste qui se rapproche de sa frontière avec le Mali, le Sénégal a décidé d’anticiper en prenant de nouvelles mesures sécuritaires.
Une montée des périls à la frontière orientale
Depuis début juillet, la zone frontalière entre le Mali et le Sénégal vit sous une menace accrue. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à al-Qaïda, a lancé une série d’attaques coordonnées sur le territoire malien, notamment autour de Kayes et Dibali, cette dernière située juste de l’autre côté du poste frontalier de Kidira. Sept opérations simultanées ont été enregistrées dans cette zone, suscitant une vive inquiétude à Dakar.
Si jusqu’ici le Sénégal avait échappé à des attaques directes de groupes armés sahéliens, les autorités craignent désormais une possible extension de la violence djihadiste sur leur territoire. D’autant que la porosité des frontières, la mobilité des combattants, et l’utilisation massive des motos dans les incursions armées posent de réels défis sécuritaires.
Trois nouvelles unités pour contenir les risques
Dans ce contexte, le gouvernement sénégalais a décidé de renforcer la présence sécuritaire sur son flanc oriental. Trois unités sont désormais opérationnelles depuis samedi 2 août : une légion de gendarmerie à Kédougou, région stratégique et montagneuse, voisine de la Guinée et du Mali ; une brigade de recherches à Tambacounda, grande zone de transit vers l’intérieur du pays ; un groupe d’action rapide de surveillance et d’intervention (GARSI) à Saraya, commune proche des zones minières et souvent ciblée pour sa position isolée.
Selon l’état-major des forces de défense et de sécurité, cette réorganisation traduit la volonté de « garantir la protection des populations et des biens ainsi que la sûreté du territoire national ». Le commandement militaire insiste sur l’importance de la coopération civilo-militaire et appelle les populations locales à renforcer leur collaboration avec les forces de sécurité, notamment via le renseignement communautaire.
Des mesures de sécurité complémentaires
En complément de ces mesures de renforcement, les autorités sénégalaises ont également restreint la circulation des motos la nuit dans le département frontalier de Bakel. Depuis le 24 juillet, il est interdit de circuler à motocyclette entre 20h et 6h du matin. Une mesure ciblée, puisque les motos sont souvent utilisées par les groupes armés pour leurs déplacements rapides et discrets à travers les zones rurales.
Si cette militarisation accrue de la frontière apparaît comme une réponse nécessaire et immédiate, elle soulève également des questions sur la durabilité de la stratégie sécuritaire sénégalaise. Pour Dakar, il ne s’agit pas seulement de contenir une menace extérieure, mais aussi de renforcer les capacités de résilience des communautés locales. Le développement économique, la présence de l’État dans les zones périphériques, et l’intégration régionale dans les dispositifs de sécurité — comme ceux proposés par l’UEMOA ou la CEDEAO — sont autant d’éléments à consolider pour éviter l’extension de la spirale de violence sahélienne au sud du fleuve Sénégal.