Le JNIM impose un blocus sur Kayes et Nioro : nouvelle menace pour la stabilité du Mali


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Des éléments du Jnim
Des éléments du Jnim

Au Mali, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a décrété un blocus sur les villes de Kayes et Nioro, accusant leurs habitants de collusion avec l’armée. Cette initiative, annoncée le 2 juillet 2025, fait suite à des attaques coordonnées contre plusieurs bases de l’armée malienne. Le groupe menace d’interrompre tout accès routier à ces localités, ce qui a provoqué une vive inquiétude.

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a annoncé, le 2 juillet 2025, un blocus sur les villes de Kayes et de Nioro du Sahel, au Mali. Cette décision fait suite à une série d’attaques coordonnées menées la veille par le groupe djihadiste près des frontières sénégalaise et mauritanienne. Le JNIM accuse les habitants de ces deux localités d’avoir collaboré avec l’armée malienne lors d’opérations récentes.

Dans des messages audios en peul et en bambara, les djihadistes menacent de couper tous les axes routiers menant à ces villes et promettent de tuer tout homme intercepté sur ces routes. Aucune date précise n’a été donnée, mais le ton alarmant laisse présager une mise en œuvre imminente. Kayes, ville stratégique de plus de 193 000 habitants sur l’axe Dakar-Bamako, joue un rôle clé dans l’approvisionnement de la capitale malienne.

Une réponse prudente des autorités maliennes

La réaction des autorités de transition reste mesurée. Elles n’ont pas directement commenté l’annonce du blocus, mais ont appelé la population à coopérer avec les forces armées en signalant tout comportement suspect. Dans un communiqué, le gouvernement a évoqué l’utilisation croissante de drones kamikazes et accusé certains médias internationaux d’être « complices du terrorisme ».

L’armée malienne affirme avoir neutralisé plus de 80 combattants en réponse aux attaques du 1er juillet. Le JNIM, pour sa part, revendique la mort de plusieurs dizaines de soldats maliens, ainsi que celle d’un combattant russe du groupe Africa Corps, près de Tombouctou. Les blocus ne sont pas une tactique nouvelle pour le JNIM, qui en a déjà imposé à Farabougou, Boni, Tombouctou ou Diafarabé. Mais c’est la première fois qu’une ville de l’ampleur de Kayes est ciblée, ce qui illustre l’audace croissante du groupe.

Kayes, une cible inédite

D’après Boubacar Ba, directeur du Centre d’analyse sur la gouvernance et la sécurité au Sahel (CAGS), cette stratégie repose sur une longue infiltration facilitée par le relief accidenté et la végétation dense. En parallèle, des arrestations massives ont été signalées dans les zones concernées. Certaines sont jugées arbitraires, ravivant les tensions interethniques, notamment contre les Peuls, souvent soupçonnés à tort de collusion avec les djihadistes. L’armée tente de limiter ces dérives et d’éviter toute forme de stigmatisation.

La menace d’un blocus à Kayes et Nioro soulève des craintes : coupures d’approvisionnement, entrave à la mobilité, pression psychologique sur les populations, et défi sécuritaire majeur pour l’État malien. La capacité de l’armée à contenir cette stratégie sera déterminante dans les prochaines semaines pour éviter l’isolement de l’ouest du pays.

Couvre-feu à Kayes et Dioïla : riposte après une offensive djihadiste d’envergure

Le 1er juillet 2025, les autorités régionales de Kayes et Dioïla ont instauré un couvre-feu nocturne de 30 jours, renouvelable, en réaction à des attaques djihadistes d’envergure dans l’ouest et le sud du Mali. Ce couvre-feu interdit toute circulation de personnes et de véhicules entre 21h et 6h à Kayes, et entre 22h et 6h à Dioïla, à l’exception des forces de sécurité et des services médicaux. Cette décision fait suite à des assauts simultanés lancés dans la nuit du 30 juin au 1er juillet contre plusieurs positions militaires, notamment à Kayes-ville, Bafoulabé et Yélimané.

Les attaques, revendiquées par le JNIM, ont été menées par des combattants lourdement armés utilisant des motos, pick-up, explosifs, armes automatiques et drones. Le camp militaire de Kayes aurait été la cible principale, avec de violents combats signalés par des témoins. Le JNIM a revendiqué les attaques dans un communiqué diffusé sur ses canaux habituels, les présentant comme le début d’une nouvelle phase offensive.

Nouvelle phase offensive du JNIM

Le groupe cherche à semer la peur, affaiblir le moral des troupes et élargir son emprise à des régions jusqu’ici relativement épargnées. L’armée malienne a réagi rapidement. Le 1er juillet, elle a lancé des opérations de ratissage, déployé des renforts depuis Bamako et récupéré du matériel militaire volé. Plusieurs suspects ont été interpellés. L’état-major évoque une réponse « vigoureuse, professionnelle et coordonnée », assurant avoir infligé de lourdes pertes aux assaillants.

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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