Mali : un Français et deux généraux arrêtés pour complot présumé


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Assimi Goita et Emmanuel Macron
Assimi Goita et Emmanuel Macron

Après plusieurs jours de rumeurs, Bamako a confirmé jeudi l’arrestation d’un groupe de militaires et de civils accusés de vouloir déstabiliser le Mali. Les forces de sécurité ont interpellé deux hauts gradés maliens et un ressortissant français présenté comme agent du renseignement.

Les autorités assurent contrôler totalement la situation et avoir ouvert une enquête judiciaire.

Une opération début août

Selon le communiqué lu au journal télévisé de l’ORTM, les services spécialisés ont conduit l’opération le 1er août. Ils affirment avoir « mis en échec » un « groupuscule d’éléments marginaux » des forces armées et de sécurité, soupçonnés d’agir avec des soutiens étrangers. Les images diffusées à la télévision nationale montrent onze personnes identifiées comme membres du réseau présumé.

Un Français au centre des accusations

La police a arrêté Yann Christian Bernard Vezilier, lieutenant-colonel de l’armée de l’air française. Officier mécanicien entré en service en 1998, il a gravi les échelons et reçu l’Ordre national du Mérite en 2020. Bamako le soupçonne d’avoir agi « pour le compte des services de renseignements français » en s’appuyant sur des relais politiques, civils et militaires. Paris n’a pas encore réagi à ces accusations.

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Deux figures de l’armée malienne arrêtées

Les forces de sécurité ont également interpellé le général de brigade Abass Dembélé, ancien gouverneur de Mopti, officier expérimenté passé par Tombouctou et l’École d’état-major de Koulikoro. Certaines sources indiquent qu’il avait récemment demandé une enquête sur des violations présumées des droits humains par l’armée, peu avant sa révocation.

La générale de brigade Néma Sagara, première femme à atteindre ce grade dans l’Armée de l’air malienne et ancienne cheffe du Secrétariat permanent de lutte contre la prolifération des armes légères, fait aussi partie des personnes arrêtées. Formée au Mali, en France et aux États-Unis, elle s’est illustrée dans des missions internationales au Libéria et en Côte d’Ivoire.

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Contexte politique et sécuritaire tendu

Ces arrestations interviennent dans un climat marqué par la répression des contestations et les tensions diplomatiques avec l’Occident. Depuis les coups d’État de 2020 et 2021, le Mali a rompu sa coopération militaire avec la France et renforcé ses liens avec la Russie. Pourtant, la situation sécuritaire reste fragile face aux attaques récurrentes de groupes armés liés à Al-Qaïda et à l’État islamique.

Le président de la transition, Assimi Goïta, avait déjà mis en garde en janvier contre des tentatives de déstabilisation visant le Mali et la Confédération des États du Sahel (AES). En mai, la junte a dissous les partis politiques et, en juin, prolongé de cinq ans la durée de la transition, ce qui a retardé encore le retour à un régime civil.

Les autorités maliennes promettent d’identifier toutes les personnes impliquées et de les traduire devant la justice. Elles appellent la population à rester vigilante et à collaborer avec les forces de sécurité, assurant que l’ordre public demeure préservé.

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