Bamako gronde : la jeunesse malienne réclame le retour à l’ordre constitutionnel


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Assimi Goïta, président de la Transition du Mali
Assimi Goïta, président de la Transition du Mali

À Bamako, la jeunesse malienne sort de l’ombre et réclame haut et fort un retour à l’ordre constitutionnel. Réunis à la Maison de la presse, jeunes leaders, intellectuels et activistes ont dénoncé les dérives autoritaires de la junte d’Assimi Goïta. Ils appellent à des élections libres et au respect des libertés fondamentales.

Le climat politique reste électrique à Bamako, où les voix s’élèvent de plus en plus contre la junte militaire au pouvoir. Dimanche 4 mai, ce sont les jeunes leaders de la scène politique et de la société civile qui ont pris le relais des partis politiques pour exiger un retour à la légalité constitutionnelle. Réunis à la Maison de la presse, malgré des tentatives d’intimidation, ils ont signé un manifeste dénonçant une dérive autoritaire et rejetant fermement toute tentative de confiscation du pouvoir par le général Assimi Goïta. Un nouvel épisode qui illustre la détermination croissante de la population à défendre la démocratie au Mali.

Un manifeste pour dire non à la dérive autoritaire

Dans une atmosphère tendue, le collectif de jeunes leaders a publié un manifeste de cinq points, véritable cri d’alarme face à ce qu’ils qualifient de mise en péril des fondements démocratiques du pays. Le document réclame expressément le respect de la Constitution du 22 juillet 2023, le rejet d’un mandat présidentiel imposé sans élections et l’arrêt de toute velléité de dissolution des partis politiques. Pour ses signataires, dont des syndicalistes, journalistes et intellectuels engagés, il s’agit de poser un acte fort : réaffirmer que le pluralisme, la liberté d’expression et les droits fondamentaux sont non négociables.

Comme la veille, lors du rassemblement des partis politiques au Palais de la culture, la manifestation des jeunes leaders a été marquée par des tentatives d’intimidation. Des groupes de jeunes proches de la junte ont tenté d’empêcher l’accès à la salle de conférence. Malgré ces obstructions, la déclaration publique a pu se tenir sous surveillance policière. « Malgré la forte pression, nous avons pu faire notre déclaration », a affirmé Moctar Ousmane Sy, président du mouvement Génération engagée, soulignant la résilience du mouvement.

Un front civil et politique en construction

Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique plus large d’opposition à la transition actuelle, marquée par des propositions controversées issues des récentes concertations orchestrées par la junte. Face à la volonté de prolonger le pouvoir du général Goïta sans passer par les urnes, une coalition informelle de partis, d’organisations civiles et de citoyens se constitue pour faire barrage à ce qu’ils considèrent comme une confiscation du pouvoir. Une nouvelle manifestation de grande ampleur serait en préparation pour la fin de la semaine, signe que la contestation pourrait encore s’amplifier.

Au-delà de la dénonciation, les manifestants formulent des exigences claires : la tenue rapide d’élections inclusives et transparentes, la préservation de la cohésion nationale par le dialogue, et le respect du cadre institutionnel existant. Dans un Mali fragilisé par les tensions internes et les défis sécuritaires, ces revendications mettent en lumière une volonté de tourner la page de la transition militaire et de restaurer un État de droit. Reste à savoir si le pouvoir en place entendra cet appel à la raison ou choisira de durcir le ton.

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