Lutte contre le terrorisme : l’AES mise sur un partenariat stratégique avec la Russie


Lecture 4 min.
Assimi Goïta, Abdourahamane Tiani et Ibrahim Traoré
Assimi Goïta, Abdourahamane Tiani et Ibrahim Traoré

La Confédération des États de l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, renforce ses relations avec la Russie pour faire face à la menace terroriste dans la région. C’est dans ce contexte que le Président malien et président en exercice de l’AES, le général d’Armée Assimi Goïta, a annoncé à son retour de Moscou une nouvelle phase de coopération sécuritaire entre les États sahéliens et la Fédération de Russie.

En visite officielle en Russie du 21 au 26 juin, Assimi Goïta a révélé que Moscou avait donné son accord de principe pour accompagner les États membres de l’AES dans la création d’une force unifiée de 5 000 hommes. Cette initiative vise à renforcer la réponse militaire face à la montée en puissance des groupes armés dans la bande sahélo-saharienne.

Vers une mutualisation des moyens militaires

Selon les propos d’Assimi Goïta, chacun des pays membres de l’AES entretient déjà des relations bilatérales avec la Russie dans le domaine sécuritaire. À travers cette nouvelle initiative commune, les partenaires entendent mutualiser leurs moyens, optimiser la coordination des opérations et consolider une réponse régionale face à la menace.

« La Russie a déjà déployé des moyens militaires dans le cadre de ses accords bilatéraux. Nous, au Mali, continuons de renforcer nos capacités jour après jour avec l’aide de nos partenaires russes », a précisé le président malien à la télévision nationale. Cette dynamique de coopération marque une nouvelle étape dans l’approche sécuritaire de la région, en rupture avec l’ancien dispositif sahélien, notamment le G5 Sahel.

Des accords multisectoriels pour renforcer les liens

Au-delà de la coopération militaire, la visite d’Assimi Goïta à Moscou a permis la signature de trois importants accords de coopération couvrant plusieurs secteurs. Le premier acte fondateur concerne la création d’une Commission intergouvernementale russo-malienne chargée de la coopération économique, commerciale, scientifique et technique.

Lire aussi: L’AES acte la création de la Banque confédérale pour l’investissement et le développement

Le deuxième accord, stratégique pour l’avenir énergétique du Mali, porte sur l’utilisation pacifique de l’énergie atomique, en partenariat avec la société russe ROSATOM. Le troisième accord pose les fondements d’une relation bilatérale renforcée entre le Mali et la Russie, dans une logique d’approfondissement des liens politiques, diplomatiques et sécuritaires.

Une ouverture vers la République du Tatarstan

La visite a également été marquée par une rencontre entre Assimi Goïta et Minnikhanov Nurgaliyevich, président de la République du Tatarstan, une entité de la Fédération de Russie. Les deux dirigeants ont exprimé leur volonté de renforcer leur coopération dans plusieurs domaines stratégiques tels que l’éducation, le sport, la finance islamique et les échanges culturels.

Le Président malien a également plaidé pour une extension de cette coopération vers les infrastructures, le commerce, l’énergie et les transports. À l’occasion de ce rapprochement, la participation du Mali au forum économique islamique annuel de Kazan a été encouragée, illustrant la volonté d’ouverture vers d’autres partenaires économiques du monde musulman.

Naissance de l’AES : une réponse souveraine aux défis régionaux

La Confédération des États du Sahel (AES) n’est pas née du hasard, mais d’un long processus de rupture avec les structures jugées inefficaces. La création de l’AES trouve ses racines dans le retrait progressif du Mali, du Burkina Faso et du Niger du G5 Sahel, structure soutenue principalement par des partenaires occidentaux, mais perçue comme limitée dans ses résultats sur le terrain.

Face à l’inefficacité de certaines initiatives internationales et à une volonté croissante d’affirmer leur souveraineté, les trois pays ont décidé d’unir leurs forces dans un cadre confédéral. Cette alliance régionale repose sur un socle commun : la lutte contre le terrorisme, la restauration de l’autorité de l’État et le développement socio-économique des populations sahéliennes.

Les étapes phares de la consolidation de l’AES

La première phase de cette dynamique fut marquée par une intensification des relations bilatérales entre les trois pays, notamment à travers des rencontres régulières de leurs dirigeants. S’en est suivie la signature d’accords de coopération militaire, économique et politique, préparant ainsi le terrain à la création officielle de la Confédération en 2023.

Depuis lors, les actions se sont multipliées : mise en place d’organes de coordination, harmonisation des doctrines militaires, et surtout volonté politique forte d’aller vers une armée confédérale capable de répondre rapidement aux menaces. La décision de créer une force unifiée de 5 000 hommes, soutenue par la Russie, constitue l’aboutissement de cette vision stratégique.

Avatar photo
Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News