Mali, l’ancien Premier ministre Choguel Kokalla Maïga placé en garde à vue dans une affaire de gestion des deniers publics


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Drapeau du Mali
Drapeau du Mali

L’ancien chef du gouvernement malien, Choguel Kokalla Maïga, a été placé en garde à vue ce mardi 12 août par la brigade du Pôle national économique et financier, dans le cadre d’une enquête sur de présumées irrégularités financières liées à sa gestion de la Primature.

Selon son avocat, Me Cheick Oumar Konaré, Choguel Maïga avait été convoqué par les enquêteurs pour des confrontations avec certains de ses anciens collaborateurs, après une première audition le 1er août. Arrivé à 9 heures au siège du Pôle, il a attendu jusqu’à 14 heures sans que ces confrontations aient lieu. Ce n’est qu’en début d’après-midi que la mesure de garde à vue lui a été notifiée.

La décision concerne également plusieurs figures clés de son ancienne équipe, notamment son ex-directeur de cabinet, le professeur Issiaka Ahmadou Singaré, ainsi que trois anciens directeurs administratifs et financiers de la Primature.

À l’origine, un rapport du Vérificateur général…

L’affaire trouve son origine dans un rapport du Vérificateur général portant sur les exercices 2021, 2022, 2023 et jusqu’au 30 novembre 2024. Ce document met en lumière des soupçons d’« atteinte aux biens publics » et d’irrégularités financières, sans que les détails précis des montants ou des opérations en cause ne soient, pour l’heure, rendus publics.

Me Konaré insiste sur le fait que son client « bénéficie de toutes les attentions de la part du personnel de la brigade » et rappelle qu’il demeure « présumé innocent jusqu’à une éventuelle condamnation » par les juridictions compétentes. La procédure judiciaire, qui en est encore à un stade préliminaire, pourrait avoir des implications politiques à un moment où la transition malienne fait face à des pressions, tant sur le plan interne qu’international.

Une garde à vue aux résonances politiques

Si les charges évoquées relèvent officiellement de la gestion des deniers publics, cette procédure judiciaire survient dans un moment où les relations sont très tendues entre l’ancien Premier ministre et le régime militaire. Plusieurs observateurs y voient un possible règlement de comptes politique, voire une tentative de marginalisation durable d’un acteur devenu gênant.

Le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) pourrait s’en saisir pour dénoncer une « cabale politique », tandis que les autorités mettront en avant la nécessité de lutter contre la corruption, un engagement récurrent de la transition.

Figure clé du Mouvement du M5-RFP, Choguel Maïga avait été nommé Premier ministre par les autorités de transition en juin 2021. Pendant son mandat, il s’est illustré par un discours ferme envers la communauté internationale, notamment la CEDEAO et la France, incarnant la ligne souverainiste de la transition. Mais ses relations avec certaines factions militaires se sont dégradées au fil du temps, jusqu’à son remplacement en novembre 2024.

Les prochains jours devraient permettre de déterminer si l’affaire sera portée devant les tribunaux et selon quel calendrier.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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