Bangui : l’opposant Dominique Erenon transféré à la prison de Ngaragba


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Désiré Erenon

Le rideau s’est levé sur le sort judiciaire de Dominique Désiré Erenon. Après une attente de près de trois mois dans les locaux de la gendarmerie, le président du parti Marche pour la démocratie et le salut du peuple (MDSP) a finalement fait face à un magistrat instructeur. Ce mercredi 17 décembre 2025, à l’issue d’une audition fleuve au Tribunal de grande instance de Bangui, le célèbre constitutionnaliste a été placé sous mandat de dépôt.

Il a été immédiatement conduit vers la prison centrale de Ngaragba, marquant une étape décisive dans une affaire qui crispe la scène politique centrafricaine depuis son arrestation.

Une fin de garde à vue prolongée au cœur des critiques

L’arrestation du Dr Dominique Erenon remonte au 3 octobre dernier, alors qu’il débarquait à peine de l’avion en provenance de France. Ce retour au pays, après trois années d’exil, devait initialement lui permettre de reprendre ses cours à l’université de Bangui et de s’engager dans le débat politique national. Cependant, sa détention à la Section de recherches et d’investigations (SRI) a duré bien au-delà des délais légaux sans aucune présentation devant un juge. Cette situation a suscité l’inquiétude de nombreux observateurs de la vie publique, d’autant que l’opposant ignorait jusqu’à ce mercredi les charges exactes pesant contre lui.

Huit charges lourdes portées par l’accusation

Le doyen des juges d’instruction, Zéphirin Yassengba, n’a pas fait dans la demi-mesure lors de cette première audition. Pas moins de huit chefs d’accusation ont été retenus contre l’universitaire. La liste est particulièrement lourde : complot, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’État, mais aussi incitation à la haine et diffusion de fausses nouvelles. L’accusation repose notamment sur une liste de 52 contacts avec lesquels Dominique Erenon aurait été en relation, incluant Alexandre-Ferdinand Nguendet, l’ancien dirigeant de la transition aujourd’hui poursuivi par contumace.

Une défense qui dénonce un flou procédural

Pour Maître Aristide Ndjapou, l’avocat de Dominique Erenon, le dossier manque pour l’instant de transparence. S’il confirme que son client est en bonne santé et a été globalement bien traité durant sa garde à vue, il déplore que le juge n’ait pas encore communiqué les pièces matérielles du dossier à la défense. L’avocat souligne que son client rejette fermement toutes les accusations de complot. L’évocation des échanges avec des personnalités en exil ne constituerait pas, selon ses conseils, une preuve de culpabilité criminelle, mais refléterait simplement l’activité d’un homme politique cherchant le dialogue.

Le spectre d’un procès politique à Bangui

Ce transfert à la prison de Ngaragba, située à l’est de la capitale, intervient dans un climat de vive tension électorale. Alors que le MDSP n’a pas encore réagi officiellement à l’écrou de son leader, la question de la liberté d’opposition en Centrafrique revient au premier plan. Dominique Erenon, spécialiste reconnu du droit constitutionnel, se retrouve désormais confronté à la réalité carcérale. La suite de l’instruction devra permettre de lever le voile sur les preuves dont dispose réellement la justice pour étayer ces accusations graves de déstabilisation de l’État.

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Fidèle K est journaliste et rédactrice spécialisée, passionné par l'Afrique et ses dynamiques politiques, culturelles et sociales. A travers ses articles pour Afrik, elle met en lumière les enjeux et les réalités du continent avec précision et engagement.
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