Centrafrique : l’opposant Dominique Désiré Erenon arrêté dès son arrivée à Bangui


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Désiré Erenon

Le constitutionnaliste centrafricain Dominique Désiré Erenon a été arrêté dès son arrivée à Bangui, vendredi 3 octobre. Exilé en France depuis 2022, l’opposant venait répondre à l’appel du président Touadéra invitant la diaspora à rentrer.

L’annonce a provoqué stupeur et incompréhension à Bangui. Dominique Désiré Erenon, constitutionnaliste reconnu, président du parti Marche pour la Démocratie et le Salut du Peuple (MDSP), a été arrêté ce vendredi 3 octobre à son arrivée à l’aéroport international M’Poko de Bangui.

L’opposant, qui vivait en exil en France depuis 2022, venait de répondre à l’appel du président Faustin-Archange Touadéra, invitant les Centrafricains de la diaspora à rentrer au pays. Son retour, salué par ses partisans, devait marquer une nouvelle étape dans la vie politique du pays. Mais quelques minutes après avoir posé le pied sur le sol centrafricain, le juriste a été interpellé et conduit à l’Office Central pour la Répression du Banditisme (OCRB), avant d’être transféré à la Section de Recherche et d’Investigation (SRI) de la gendarmerie nationale.

Des motivations encore floues

Pour l’heure, aucune charge officielle n’a été communiquée par les autorités. Selon plusieurs sources proches de l’opposant, Dominique Désiré Erenon attend toujours d’être entendu par le procureur de la République, une audition prévue pour ce lundi 6 octobre. Une source à la SRI assure que sa garde à vue se déroule “sans incident, dans de bonnes conditions”.

Mais cette arrestation soulève déjà de nombreuses interrogations. L’opposition y voit une manœuvre d’intimidation à l’approche des élections prévues en décembre, une manière pour le pouvoir en place d’écarter les voix critiques du processus électoral.

Un intellectuel engagé et critique du pouvoir

Avant son exil, le Dr Erenon avait travaillé à l’Union africaine comme expert en droit constitutionnel. Il aurait été démis de ses fonctions sous la pression du président Touadéra, selon plusieurs témoins de l’époque. Son opposition à la réforme constitutionnelle de 2016, jugée liberticide, lui avait valu des tensions avec le régime.

En France, il avait continué à militer à travers son parti, le MDSP, prônant le respect de la Constitution, l’alternance démocratique et le retour à un État de droit. Ses proches affirment qu’il était revenu à Bangui non seulement pour reprendre son poste d’enseignant en droit public à l’université, mais aussi pour contribuer pacifiquement au débat politique national.

Entre inquiétude et attente

Depuis son arrestation, la classe politique centrafricaine reste divisée. Les partisans du MDSP dénoncent une « violation flagrante des droits politiques » et demandent sa libération immédiate, tandis que les autorités gardent le silence.

Dans les rues de Bangui comme sur les réseaux sociaux, les réactions se multiplient, mêlant indignation et inquiétude.

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Fidèle K est journaliste et rédactrice spécialisée, passionné par l'Afrique et ses dynamiques politiques, culturelles et sociales. A travers ses articles pour Afrik, elle met en lumière les enjeux et les réalités du continent avec précision et engagement.
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