
Longtemps restée à l’arrière-plan du pouvoir bissau-guinéen, Dinisia Reis, épouse de l’ancien président Umaro Sissoco Embalo, se retrouve aujourd’hui sous les projecteurs judiciaires européens. Mise en examen au Portugal pour des faits présumés de contrebande et de blanchiment de capitaux, l’ex-Première dame est au cœur d’une enquête sensible impliquant d’importants flux financiers en provenance de Guinée-Bissau. Cette affaire éclate dans un contexte de rupture institutionnelle, alors que le pays traverse une nouvelle phase d’instabilité politique après un coup d’État militaire.
Une enquête portugaise aux ramifications politiques
La Guinée-Bissau traverse une nouvelle zone de turbulences où s’entremêlent instabilité politique, luttes de pouvoir et affaires judiciaires à dimension internationale. Alors que le pays ouest-africain vient d’être secoué par un coup d’État militaire, une enquête ouverte au Portugal met en cause l’entourage proche de l’ancien Président Umaro Sissoco Embalo, ajoutant une dimension judiciaire et financière à une crise déjà profonde. Au cœur de cette affaire figure Dinisia Reis, épouse du chef de l’État déchu, qui a été mise en examen par la justice portugaise pour des soupçons de contrebande et de blanchiment de capitaux.
L’information a été confirmée par la police judiciaire portugaise, qui mène depuis plusieurs jours des investigations sur des flux financiers suspects en provenance de Guinée-Bissau. Les faits se sont noués à l’aéroport de Lisbonne, où un vol en provenance de Bissau a attiré l’attention des autorités. Initialement présenté comme un vol à caractère militaire, l’appareil devait poursuivre sa route vers Beja, dans le sud du Portugal. Toutefois, les informations communiquées aux autorités aéronautiques se sont révélées erronées, déclenchant des contrôles approfondis à l’arrivée.
Un vol controversé et des incohérences révélatrices
C’est dans ce contexte qu’un passager a été interpellé à la suite d’une dénonciation anonyme. L’homme transportait près de cinq millions d’euros en liquide, une somme incompatible avec la réglementation européenne sur la circulation des capitaux. Les enquêteurs soupçonnent une tentative de sortie illégale de fonds, potentiellement liée à des mécanismes de blanchiment. Selon plusieurs médias portugais, l’individu arrêté serait Tito Fernandes, décrit comme un proche d’Umaro Sissoco Embalo. Présenté à un juge, il a été remis en liberté, mais demeure sous le coup de l’enquête.
La mise en examen de Dinisia Reis serait directement liée à ce dossier. Si les autorités portugaises ne détaillent pas les charges retenues, cette évolution judiciaire met en lumière les soupçons pesant sur certains cercles de l’ancien pouvoir bissau-guinéen. Elle contribue aussi à fragiliser davantage l’image d’un régime déjà ébranlé par la crise politique. La Guinée-Bissau a basculé dans l’incertitude à la fin du mois de novembre, lorsqu’un groupe de militaires a annoncé avoir pris le contrôle total du pays.
L’ex-Première dame dans le viseur judiciaire
Le putsch est intervenu à la veille de la publication des résultats provisoires de l’élection présidentielle et des législatives du 23 novembre, alors que le Président sortant et son rival Fernando Dias de Costa revendiquaient chacun la victoire. Les militaires ont affirmé avoir arrêté le chef de l’État et suspendu le processus électoral, plongeant le pays dans un nouveau vide institutionnel. Habituée aux ruptures politiques depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau a suscité une réaction rapide de la communauté internationale.
La Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) a transféré provisoirement sa présidence au Timor oriental et suspendu Bissau de ses activités. Le Portugal, étroitement lié à son ancienne colonie, a appelé au rétablissement de l’ordre constitutionnel. Son ministre des Affaires étrangères, Paulo Rangel, a indiqué maintenir un dialogue avec les autorités bissau-guinéennes, tandis que la justice portugaise poursuit ses investigations sur l’entourage de l’ex-Président.





