
Huit jours après son coup d’État, la junte en Guinée-Bissau a annoncé la création d’un Conseil national de transition et d’une Charte censée rétablir la légalité constitutionnelle. Mais ces nouveaux organes, encore opaques dans leur fonctionnement, renforcent surtout l’emprise militaire au pouvoir.
Un peu plus d’une semaine après le coup d’État du 26 novembre, la junte militaire au pouvoir en Guinée-Bissau franchit une nouvelle étape dans l’établissement de son autorité. Le Haut Commandement militaire pour la restauration de l’ordre a rendu publiques, jeudi 4 décembre, des résolutions annonçant la création d’un Conseil national de transition (CNT) et la rédaction d’une Charte de transition. Ces organes sont censés « restaurer la légalité constitutionnelle » dans le pays.
Justification du coup d’État et menaces ethniques
L’armée a profité de ces résolutions pour justifier son intervention armée. Selon les militaires, le coup de force était une obligation face à une situation politique « grave » et à un contexte électoral marqué par des contestations. La junte affirme que ces crispations risquaient de « dégénérer en une guerre civile à caractère ethnique », nécessitant ainsi le changement de « l’ordre constitutionnel par la voie de la force ».
Malgré ces justifications, les critiques internationales et régionales persistent face à ce nouvel épisode d’instabilité en Guinée-Bissau, un pays habitué aux putschs.
Les missions du Conseil national de transition
Le Conseil national de transition est présenté comme un organe politique de concertation. Sa mission principale sera de préparer les instruments de la transition et d’exercer un contrôle sur les organes de pouvoir et leurs activités.
Toutefois, les résolutions publiées ne précisent ni la composition, ni les critères de sélection des membres qui siégeront au sein de ce CNT. Cela laisse planer un flou sur l’inclusivité et l’indépendance de ce nouvel organe.
Une Charte ambiguë sur la légalité constitutionnelle
Parallèlement au CNT, l’armée a annoncé la création d’une Charte nationale de transition. L’objectif déclaré de ce texte est de « restaurer la légalité constitutionnelle » en Guinée-Bissau.
Cependant, une contradiction majeure est apparue : le premier article de cette Charte dissout l’actuel Conseil de la magistrature pour toute la durée de la transition. Cette décision s’oppose à l’affirmation de la junte de vouloir préserver le fonctionnement de la justice tel qu’énoncé dans la Constitution, soulevant des interrogations quant à la véritable nature de la « restauration » promise.



