
La mort en détention d’Anicet Ekane a pris une allure explosive après que le gouvernement camerounais a procédé à une autopsie malgré l’opposition de sa famille. Cette décision nourrit les accusations d’opacité et relance les appels à une enquête indépendante.
Le décès de l’opposant camerounais Anicet Ekane en détention, survenu le 1er décembre, continue de provoquer une vive émotion et une forte tension au Cameroun. Un véritable bras de fer oppose la famille du défunt aux autorités concernant l’autopsie de la dépouille. Malgré l’opposition ferme des proches, l’opération a été menée ce 3 décembre, suscitant de vives protestations.
Une autopsie décriée, menée en l’absence de la famille
L’autopsie, instruite par le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Yaoundé, a été réalisée sans la présence de la famille d’Anicet Ekane ou de ses avocats. Le collectif d’avocats a rapporté que la famille émettait des réserves sur l’intégrité des légistes désignés par le gouvernement. Les proches estiment la démarche précipitée et non concertée. Ils dénoncent une procédure menée par les mêmes services (le Secrétariat d’État à la Défense) qui avaient la responsabilité de sa détention.
Face à ces suspicions sur la sincérité de la démarche, la famille réclame une autopsie contradictoire, c’est-à-dire la possibilité d’adjoindre à l’équipe officielle des experts et médecins légistes indépendants. D’un point de vue médical, la célérité de l’autopsie était jugée nécessaire pour garantir la fiabilité des résultats, l’alternative (le traitement au formol) compliquant les analyses ultérieures.
Des accusations de « crime d’État » et d’une « sentence politique »
Anicet Ekane, âgé de 72 ans, avait été arrêté le 24 octobre et souffrait d’insuffisance respiratoire. Ses avocats avaient alerté à plusieurs reprises sur la dégradation de son état de santé en détention.
Depuis l’annonce de son décès, les réactions se multiplient dans l’opposition, nourrissant la colère et les interrogations. Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a évoqué une « sentence politique préméditée ». Son propre parti, l’UPC-Manidem, est allé plus loin, parlant de « crime d’État » et affirmant que l’opposant aurait été privé d’oxygène et de soins spécialisés.
Le gouvernement, de son côté, assure qu’Anicet Ekane a reçu une prise en charge médicale appropriée et appelle à la retenue. Devant l’ampleur de la polémique, plusieurs organisations de défense des droits humains réclament désormais une enquête indépendante. À Douala, le siège de son parti est devenu un lieu de pèlerinage pour militants et anonymes éplorés.
Pour beaucoup, seule une transparence totale sur les causes du décès pourra apaiser les tensions autour de la disparition de cette figure politique respectée et engagée depuis des décennies.




