Niger : plainte imminente contre Orano pour crimes de masse radioactifs


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Le Niger accuse Orano d’avoir laissé des tonnes de matières radioactives dangereuses sur un ancien site d’uranium. Le pays s’apprête à engager des poursuites pour « crimes de masse ».

Le torchon brûle entre le Niger et le géant français du nucléaire Orano. Les autorités nigériennes ont annoncé, mardi 2 décembre, leur intention de poursuivre en justice l’entreprise française pour des faits jugés « attentatoires à la souveraineté et à l’intégrité » du pays. Le ministre de la Justice, Alio Daouda, a justifié cette action en évoquant la découverte de « 400 tonneaux contenant de la carotte radioactive » sur un ancien site d’exploitation d’uranium abandonné à Arlit, dans le nord du Niger.

Accusations de « désastre écologique et social »

Lors d’un point de presse, le ministre Alio Daouda a formulé des accusations extrêmement graves à l’encontre d’Orano, anciennement Areva, qui a détenu le monopole de l’exploitation de l’uranium nigérien pendant plus d’un demi-siècle. Le ministre a affirmé que l’entreprise française « a porté et continue de porter atteinte à la santé des populations nigériennes par la planification des crimes de masse caractérisés par l’emploi de substances radioactives ».

Selon le ministre, la toxicité mesurée sur ces matières radioactives varie entre 7 et 10 microsieverts par heure, un taux jugé alarmant comparé à la dose normale de 0,5 micro sievert. Le Niger accuse également Orano de s’être soustraite à des décisions de justice l’enjoignant de procéder à l’enlèvement ou au traitement de « plusieurs millions de tonnes des déchets radioactifs laissés à l’air libre ». L’État du Niger a ainsi pris toutes les dispositions nécessaires pour obtenir réparation de tous les préjudices causés par ce qu’il qualifie de « désastre écologique et social ».

Un bras de fer dans un contexte de rupture

Cette annonce marque une nouvelle escalade dans le bras de fer qui oppose Niamey à l’entreprise détenue par l’État français. Les relations se sont tendues après le coup d’État de juillet 2023, lorsque les nouvelles autorités nigériennes ont rompu tous les accords liant le Niger à la France, y compris celui sur l’exploitation de l’uranium.

Orano, qui dénonce cette décision unilatérale, a déjà engagé un contentieux contre l’État du Niger auprès des instances internationales compétentes. De son côté, le Niger a nationalisé les sociétés minières en juin dernier et réitéré son intention de mettre son uranium sur le marché.

Toutefois, Orano a réagi en affirmant n’avoir reçu aucune notification officielle d’une action en justice. Le groupe a par ailleurs souligné qu’il ne disposait pas de permis d’exploitation pour le site minier de Madaouela (où la découverte a été faite) et n’y menait, de ce fait, aucune opération. Les regards se tournent désormais vers la Russie, le Niger ayant signé un mémorandum d’entente avec Rosatom en juillet dernier.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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