
Au Cameroun, la présidentielle du 12 octobre s’annonce comme un nouveau test pour un pays dirigé depuis 43 ans par Paul Biya. À 92 ans, le chef de l’État brigue un huitième mandat, tandis que l’opposition, encore divisée, tente de s’organiser pour incarner une véritable alternative.
La campagne présidentielle camerounaise a officiellement débuté le 27 septembre, lançant une course contre la montre jusqu’au scrutin prévu le 12 octobre 2025. Dans les rues de Yaoundé comme de Douala, les affiches à l’effigie de Paul Biya dominent l’espace public. À 92 ans, le chef de l’État, au pouvoir depuis plus de quatre décennies, brigue un huitième mandat. Un fait qui nourrit le discours de l’opposition, bien décidée à dénoncer une longévité jugée incompatible avec l’alternance démocratique.
Ralliements et recompositions dans l’opposition
Douze candidats figurent sur le bulletin de vote, dont onze issus de l’opposition. Mais faute d’union autour d’un leader unique, le camp anti-Biya se fragmente. Ces derniers jours, quelques signes de rapprochement apparaissent néanmoins : Akere Muna (parti Univers) et Ateki Caxton (Parti de l’alliance libérale) ont retiré leurs candidatures pour se ranger derrière Bello Bouba Maïgari de l’UNDP, ancien ministre et figure politique expérimentée de 78 ans.
Cette stratégie vise à donner plus de poids à une opposition encore éparpillée. D’autres voix, comme celles de l’universitaire Michel Oyane, appellent à poursuivre les coalitions pour espérer peser face à l’appareil du RDPC, le parti présidentiel.
Le défi d’une alternance crédible
Pour beaucoup de Camerounais, la présidentielle de 2025 est perçue comme un test démocratique. Paul Biya, déjà recordman de longévité sur le continent avec 43 années à la tête de l’État, symbolise la continuité d’un système qui a su résister à toutes les tentatives de changement. Mais l’usure du pouvoir, combinée à la crise dans les régions anglophones et à une jeunesse en quête d’avenir, place le scrutin dans un climat de forte attente sociale.
Des candidats comme Cabral Libii, 45 ans, se présentent comme le visage du renouveau. Son premier meeting à Yaoundé, malgré un public clairsemé, a été perçu comme un signal : l’opposition entend occuper le terrain même face aux obstacles administratifs.
Une élection sous surveillance
Les scrutins passés ont souvent été entachés de soupçons de fraudes et de partialité des institutions électorales, régulièrement accusées de pencher en faveur du camp présidentiel. La suppression de la limite des mandats en 2008 reste dans les mémoires comme un tournant qui a ouvert la voie à un règne sans horizon.
À quelques jours du vote, la grande question demeure : l’opposition saura-t-elle s’unir suffisamment pour transformer le rejet de la longévité de Biya en véritable dynamique électorale ? Ou bien assistera-t-on à un nouveau chapitre d’un pouvoir déjà vieux de plus de quarante ans ?