
Ce 11 décembre 2025, l’UNESCO a inscrit le Mvet Oyeng au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette tradition millénaire des peuples Ekang, partagée entre le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et Sao Tomé-et-Principe, mêle musique, récit initiatique et transmission philosophique. Une victoire pour l’Afrique centrale.
Un art total au service de la quête d’immortalité
Le Mvet Oyeng est un art oratoire et musical ancestral des peuples Ekang (Fang-Beti-Bulu) d’Afrique centrale. Le terme désigne à la fois un instrument à cordes, une sorte de cithare-harpe, et les récits épiques qui l’accompagnent. Ces épopées glorifient des héros mythiques tout en transmettant la philosophie et la spiritualité des communautés, à travers une narration des quêtes d’immortalité.
Le joueur, appelé mbômô-mvett, est un conteur-musicien initié qui déclame, chante et danse ces longues épopées, souvent centrées sur le monde mythique d’Engong et les luttes pour la conquête de l’éternité. L’inscription par l’UNESCO, décidée lors de la 20e session du Comité intergouvernemental du patrimoine culturel immatériel tenue en Inde, consacre ainsi un pilier identitaire majeur pour les peuples du bassin du Congo.
Une candidature portée par cinq pays d’Afrique centrale
Cette reconnaissance internationale est le fruit de l’engagement des communautés Ekang présentes au Cameroun, au Congo, au Gabon, en Guinée équatoriale et à Sao Tomé-et-Principe, ainsi que de la mobilisation de l’ONG Génération Ekang. Elle marque une étape majeure dans la valorisation des traditions vivantes d’Afrique centrale.

Héritage oral mêlant la maîtrise instrumentale, la poésie épique et la transmission des valeurs collectives, le Mvet Oyeng incarne un patrimoine partagé qui transcende les frontières coloniales. La décision de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) consacre des années de travail communautaire, de documentation et de sauvegarde.
Entre sacré et populaire : deux formes d’un même art
Le public participe activement à la représentation : assis autour du joueur, les spectateurs frappent des baguettes ou des mains, chantent et dialoguent avec le conteur. Il existe deux formes de Mvet Oyeng. La forme sacrée est réservée aux événements importants et suit un processus d’initiation strict pour sa transmission. A l’opposée, la forme populaire, plus souple, s’exécute lors de célébrations publiques et de spectacles modernes.

Le Mvet Oyeng mobilise différents acteurs selon la forme pratiquée : les artistes-conteurs, les mécènes qui organisent les événements et les artisans qui fabriquent les instruments. La transmission s’effectue de manière informelle, par le biais de rituels et d’un apprentissage pratique. Si les femmes peuvent être conteuses dans la forme populaire, elles ne fabriquent généralement pas les instruments et n’en jouent pas.
Un vecteur de cohésion sociale pour l’Afrique centrale
Le Mvet Oyeng contribue à la transmission de l’histoire locale, de la langue et des valeurs communautaires en encourageant le respect, la justice, la coopération et la paix. Il favorise la résolution des conflits, renforce les liens sociaux et préserve l’identité et la mémoire partagée des communautés Ekang.
Cette reconnaissance par l’UNESCO constitue une fierté pour toutes les communautés Ekang d’Afrique centrale et rappelle la richesse des patrimoines immatériels du continent. Elle ouvre également la voie à de nouvelles initiatives de sauvegarde et de transmission auprès des jeunes générations.



