Mali : l’appel au dialogue d’IBK rejeté par le mouvement du 5 juin


Lecture 3 min.
Le désormais ex-Président du Mali, Ibrahim Boubacar Kéïta
Le désormais ex-Président du Mali, Ibrahim Boubacar Kéïta

Le 14 juin, le Président malien disait avoir pris acte des critiques formulées à son encontre par le Mouvement du 5 juin, mené par l’Imam Mahmoud Dicko. Il a donc appelé à un dialogue. Mais pour l’heure, c’est sa démission pure et simple qui est réclamée. 

L’heure ne serait plus au dialogue 

Dans le discours qu’il a prononcé le 14 juin, le Président IBK avait en substance fait savoir qu’il souhaitait vivement que les forces dissidentes se retrouvent autour de la même table pour discuter. Mais cet appel n’a pas du tout reçu l’écho escompté pour plusieurs raisons. Dans un premier temps, le porte-parole du Mouvement du 5 juin, en la personne d’Issa Kaou Djime, lui reproche d’avoir éludé les problèmes majeurs du pays. 

Il cite entres autre la disparition du député Soumaïla Cissé ainsi que sa suite composée de 12 personnes, alors qu’il allait en campagne dans sa localité dans la commune de Tombouctou. C’était le 25 mars dernier. « Il ne fait pas allusion à l’accord d’Alger (signé en 2015, ndlr). Il ne fait pas allusion à tous ces détournements. Il pense que le peuple malien n’a pas conscience du problème du Mali. Les problèmes du Mali, c’est lui-même. Et nous sommes déterminés pour qu’il parte », a clairement affirmé Issa Kaou.

Mais à en croire Bréma Ely Dicko, le chef du Département de Sociologie et d’Anthropologie de la faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako, le discours d’IBK a eu un seul mérite : celui de rassurer le peuple malien sur son état de santé et ses capacités à s’occuper des questions étatiques. En dehors de cela, rien de nouveau. « C’est exactement le même discours depuis son arrivée au pouvoir (en 2013, ndlr). Le seul avantage de son intervention d’hier soir, c’est de rassurer les Maliens sur son état de santé. Et au moins sa lucidité encore à diriger les affaires du pays. Donc, c’est plutôt ça. Mais, sinon sur le fond, il n’y a pas eu d’informations nouvelles », confirme-t-il.

Alors que dans le camp présidentiel, la légitimité du Président IBK est mise en avant parce qu’il a été démocratiquement élu, ces arguments sont complètement réfutés par le Premier Secrétaire à la Communication du bureau politique national du Rassemblement pour le Mali (RPM). L’un des rares soutiens d’IBK reste son chef de cabinet Boubacar Touré, qui le défend au nom de la démocratie. 

« Au nom de la liberté d’expression qui est aussi consacrée par la Constitution, il est en droit de dire ce qu’il est en train de dire. Simplement, je reste républicain, démocrate et constitutionnel. Le président a été démocratiquement élu. Et il est ouvert à tout citoyen, résident ou non », affirme-t-il. Il est aussi fort à parier que la situation va se corser dans les jours prochains. En effet, le Mouvement du 5 juin a programmé une nouvelle manifestation pour la date du 19 juin afin de réclamer la démission d’IBK.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News