Burkina Faso : les onze militaires nigérians enfin libres


Lecture 3 min.
Drapeau du Nigeria
Drapeau du Nigeria

Après dix jours de tensions diplomatiques, le Burkina Faso a libéré les onze militaires nigérians retenus à la suite de l’atterrissage forcé d’un avion C-130 à Bobo-Dioulasso. La décision a été annoncée mercredi 17 décembre 2025 par les autorités de transition à Ouagadougou. L’incident, survenu sans autorisation préalable de survol, avait suscité une vive inquiétude dans un contexte sécuritaire régional déjà fragile.

Il s’est finalement résolu par la voie du dialogue entre Abuja et le pouvoir burkinabè.

Un atterrissage d’urgence sous haute surveillance

Tout commence le 8 décembre dernier lorsque l’imposant quadrimoteur nigérian est contraint de se poser à Bobo-Dioulasso, dans l’ouest du Burkina Faso. Selon les explications fournies a posteriori par Abuja, l’appareil se dirigeait vers le Portugal pour une maintenance programmée lorsqu’une défaillance technique a imposé cette manœuvre de sécurité. Cependant, l’absence d’autorisation préalable pour le survol du territoire burkinabè a immédiatement mis les forces de défense de l’Alliance des États du Sahel (AES) en état d’alerte maximale. Le général Assimi Goïta, chef de la transition malienne et président en exercice de la confédération, avait alors ordonné la sécurisation stricte de l’espace aérien et qualifié initialement cet incident d’acte inamical au mépris des règles internationales.

Le mea culpa d’Abuja pour débloquer la situation

La résolution de cette crise est le fruit d’une intense activité diplomatique. Le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, s’est rendu personnellement à Ouagadougou pour une audience avec le président Ibrahim Traoré. À sa sortie de rencontre, le diplomate nigérian n’a pas hésité à présenter les excuses formelles de son gouvernement pour cet incident qu’il a qualifié de malheureux. Il a tenu à remercier les autorités burkinabè pour la prise en charge de l’équipage et a fermement démenti les rumeurs de maltraitance relayées par certains cercles politiques au Nigeria. En qualifiant ces allégations d’insalubres, Abuja a clairement choisi la voie de l’apaisement pour garantir le retour de ses hommes.

Un incident sur fond de méfiance régionale

Ce bras de fer de dix jours s’est déroulé dans un contexte sécuritaire particulièrement fragile. Les relations entre le Nigeria, pilier de la CEDEAO, et les pays de l’AES (Burkina, Mali, Niger) sont marquées par une méfiance réciproque depuis leur retrait de l’organisation régionale. Plus précisément, l’incident est survenu quelques jours seulement après une intervention militaire nigériane au Bénin voisin pour contrer une tentative de coup d’État contre le président Patrice Talon. La présence d’un avion militaire nigérian sans autorisation dans le ciel burkinabè avait donc été perçue comme une menace potentielle et poussé l’Alliance des États du Sahel à mobiliser ses moyens antiaériens.

Vers un renforcement de la coopération bilatérale

Malgré la rudesse de l’incident, les deux nations semblent vouloir transformer cette épreuve en opportunité de rapprochement. Lors des discussions à Ouagadougou, la lutte contre le terrorisme, défi commun aux deux pays, a été au centre des échanges. Le ministre Tuggar a d’ailleurs salué les succès enregistrés par les forces burkinabè sur le front sécuritaire. L’équipage et l’avion ont désormais quitté le Burkina Faso pour poursuivre leur trajet vers le Portugal.

Maceo Ouitona
LIRE LA BIO
Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News