Mali : Assimi Goïta évoque des armes secrètes obtenues grâce à la coopération avec la Russie


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Les Présidents du Mali, Assimi Goïta, et de la Russie, Vladimir Poutine
Les Présidents du Mali, Assimi Goïta, et de la Russie, Vladimir Poutine

Le Président de la Transition malienne, Assimi Goïta, a fait une déclaration surprenante et lourde de signification sur les capacités militaires du Mali. Intervenant sur la chaîne nationale au retour d’une visite officielle en Russie, le général a révélé que le pays dispose désormais d’armements de pointe, gardés secrets, qui pourraient, s’ils étaient révélés au grand jour, bouleverser les équilibres géopolitiques régionaux.

« Il y a des équipements, aujourd’hui, même si tu as l’argent, tu ne peux pas les avoir… On les garde en secret », a confié Assimi Goïta, après un voyage effectué en Russie, fin juin. Cette sortie médiatique du Président Goïta marque une rupture dans la communication militaire du pays, traditionnellement discrète.

Une dissuasion silencieuse

Pour la première fois, un chef de l’État malien évoque ouvertement l’existence d’armes à haute valeur stratégique, acquises dans un contexte de coopération approfondie avec la Russie. Selon Assimi Goïta, il ne s’agit pas seulement de nouvelles armes, mais de capteurs de puissance militaire qui ne sont accessibles qu’à travers des partenariats géopolitiques de haute intensité, et non par de simples transactions financières. À demi-mot, il suggère que ces équipements confèrent au Mali un avantage stratégique inédit dans la sous-région ouest-africaine. « Aujourd’hui, nous disposons d’armes qui, si elles sont dévoilées, feraient du Mali une menace aux yeux de ses voisins », a-t-il déclaré.

Ce choix assumé de la communication couplée à la dissimulation participe d’une doctrine de dissuasion asymétrique, à la manière de certaines puissances qui préfèrent entretenir le doute sur l’étendue de leur arsenal afin de mieux sécuriser leurs intérêts vitaux.

Une coopération russo-malienne au cœur de la stratégie

Depuis la rupture avec les partenaires traditionnels occidentaux – notamment la France – le Mali a réorienté ses alliances sécuritaires vers la Russie et d’autres partenaires non occidentaux. Cette nouvelle orientation se traduit aujourd’hui par des résultats concrets en matière de défense, selon le Président. « Grâce à notre coopération avec la Russie, nous avons ces armes. Nous n’avons pas tout montré au public. Et tout ne sera pas montré », a-t-il insisté. Le message est clair : le Mali s’affirme désormais comme un acteur militaire indépendant et imprévisible, capable de surprendre ses adversaires tout en consolidant son autonomie stratégique.

Le président Goïta a aussi profité de cette déclaration pour faire le point sur l’évolution de la situation sécuritaire dans le pays. Il a reconnu que, malgré des avancées significatives dans l’équipement et la professionnalisation des Forces armées maliennes (FAMa), la lutte contre le terrorisme reste un combat de longue haleine. « Vaincre le terrorisme prend du temps », a-t-il souligné, tout en saluant les efforts des FAMa et l’appui de ses alliés.

Un message politique à double portée

Au-delà du message militaire, cette sortie de Assimi Goïta peut aussi être interprétée comme un signal politique, tant à destination de la population malienne que des partenaires internationaux et des voisins de la sous-région. Alors que le Mali est engagé dans une transition politique prolongée, marquée par une centralisation croissante du pouvoir, cette mise en avant de la puissance militaire vise à renforcer la légitimité des autorités de transition, tout en dissuadant toute tentative d’ingérence ou d’hostilité.

Le général Goïta veut faire comprendre que le Mali n’est plus un simple terrain d’opérations antiterroristes, mais une puissance régionale émergente, consciente de ses atouts et prête à défendre sa souveraineté à tout prix.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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