
Une vidéo spectaculaire créée par intelligence artificielle (IA) a fait croire à un coup d’État en France, avec la Tour Eiffel en décor et Emmanuel Macron annoncé « renversé ». L’Élysée s’est agacé de la propagation de cette fake news, mais l’enquête identifie un auteur inattendu : un adolescent burkinabè de 17 ans, plus motivé par le buzz que par la politique. Une affaire révélatrice des dérives de l’IA générative et de la désinformation sur les réseaux sociaux.
Une fake news IA qui piège bien au-delà de la France
Dans la séquence, tout est calibré pour imiter un direct d’actualité : une journaliste face caméra, un micro siglé « Live 24″, une accroche sensationnaliste (« Coup d’État en France ») et un fond visuel mêlant militaires, gyrophares, hélicoptère et Tour Eiffel. Le scénario évoque la « chute de Macron » et l’arrivée d’un « colonel » anonyme. Une mise en scène confuse, mais suffisamment crédible pour tromper ceux qui défilent rapidement sur leur fil d’actualité.
Le résultat est spectaculaire : plusieurs millions de vues sur Facebook avant suppression par le créateur, puis une circulation persistante sur TikTok et YouTube. Selon des vérifications croisées, Emmanuel Macron lui-même aurait été alerté par un chef d’État africain convaincu qu’un véritable coup de force avait eu lieu. Le président français s’est publiquement agacé que la vidéo n’ait pas été retirée immédiatement, les plateformes estimant qu’elle ne « violait pas leurs règles ».
Un adolescent burkinabè de 17 ans derrière la vidéo virale
Derrière ce faux “breaking news” au réalisme surprenant, les vérificateurs s’attendaient à retrouver des pistes d’ingérence étrangère? Comme souvent les regards se tournent alors vers la Russie, pressentie comme main de l’ombre. Mais c’est un jeune créateur basé au Burkina Faso qui est finalement identifié. Âgé de 17 ans, il reconnaît avoir produit la séquence uniquement pour « tester ce qui marche » et « gagner un peu d’argent ».
Son objectif n’était pas politique, mais purement algorithmo-économique : percer, monétiser, et comprendre pourquoi certains contenus deviennent viraux. Il raconte avoir utilisé un smartphone et plusieurs outils d’IA générative pour combiner texte, visuel et audio synthétique. Inspiré par d’autres montages de faux « coups d’État » déjà viraux, il explique que l’ampleur de sa création l’a dépassé.
Désinformation, IA et économie de l’attention : une alerte mondiale
L’élément le plus troublant de cette affaire n’est pas seulement l’âge du créateur. C’est la facilité déconcertante avec laquelle une vidéo fabriquée par IA peut franchir les frontières, semer le doute et influencer des millions d’internautes.
Ce phénomène illustre la nouvelle économie de l’attention, où la quête de visibilité prime sur la véracité. Dans un écosystème numérique dominé par l’urgence, la viralité et les algorithmes, un ado burkinabè peut, en quelques heures, piéger médias, citoyens et gouvernements. L’affaire révèle aussi l’absence totale de responsabilité des plateformes qui laisse se diffuser tout et n’importe quoi sur leurs réseaux sans assumer aucune responsabilité des conséquences.




