Mali : l’armée malienne en difficulté face à l’offensive du JNIM


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Forces armées maliennes
Les Forces armées maliennes

Au Mali, le groupe djihadiste JNIM, affilié à Al-Qaïda, a intensifié ses attaques contre l’armée et les civils. À Boulikessi et Dioura, des casernes ont été prises, causant des dizaines de morts. Le groupe impose aussi des blocus meurtriers à Diafarabé et Nouh Bozo, provoquant famine et détresse humanitaire. L’armée malienne, jugée lente et désorganisée, peine à réagir. La population, abandonnée, subit de plein fouet l’insécurité croissante et la violence des groupes armés.

La localité de Boulikessi, située dans le cercle de Mondoro, a été la cible d’une attaque du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, le 1er juin 2025. Le groupe affirme avoir pris le contrôle d’une caserne militaire, une information confirmée par des sources locales. Selon plusieurs témoignages, l’armée malienne n’a opposé que peu de résistance, permettant aux assaillants de repartir avec du matériel militaire et au moins deux otages. Les communications ont été coupées pendant plusieurs heures.

Carnage au camp de Dioura : 41 soldats tués

Dans un communiqué, l’armée malienne déclare avoir « vigoureusement réagi » avant de se replier, affirmant avoir neutralisé plusieurs groupes djihadistes grâce à des frappes aériennes. Des opérations de ratissage auraient été menées le soir même, mais la perte de terrain semble avérée. Quelques jours avant l’attaque de Boulikessi, le camp militaire de Dioura, dans la région de Mopti, a été pris d’assaut le 23 mai 2025. Le bilan est lourd : 41 militaires tués, dont le chef de camp et son adjoint.

Le JNIM a revendiqué l’assaut et diffusé des images des corps des soldats, ainsi que de l’armement capturé. Les djihadistes ont contrôlé le camp jusqu’au lendemain, sans intervention de renforts ni de couverture aérienne. Un détachement militaire n’est arrivé sur les lieux que deux jours plus tard. Cette lenteur d’intervention est vivement critiquée par des sources locales, qui dénoncent une négligence de la hiérarchie militaire. Le JNIM ne cesse de cibler les forces armées maliennes depuis plusieurs années.

Burkina Faso : l’attaque de Koutougou, une tragédie nationale

En septembre 2019, une attaque sur les bases de Boulikessi et Mondoro avait causé jusqu’à 85 morts dans les rangs militaires. En mars 2019, un autre raid à Dioura avait fait 26 morts et 17 blessés. Le 6 octobre 2021, une embuscade à Bodio a coûté la vie à 16 soldats maliens. Ces attaques, souvent très bien coordonnées, combinent explosifs, embuscades et assauts directs, mettant en évidence la vulnérabilité des armées.

Par exemple, le 19 août 2019, le Burkina Faso a connu l’une de ses pires pertes militaires dans la lutte contre le terrorisme. Une attaque coordonnée contre le détachement militaire de Koutougou, dans la région du Sahel, a coûté la vie à au moins 24 soldats burkinabè. Menée par des combattants d’un groupe affilié à l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), cette offensive d’une rare violence a surpris les forces armées, malgré des signaux préalables d’une activité suspecte dans la zone. L’assaut a duré plusieurs heures, avec des échanges nourris d’armes lourdes.

Niger : embuscade meurtrière à Tongo Tongo

Comme au Mali, les assaillants sont repartis avec de l’équipement militaire et ont incendié les infrastructures du camp. Le gouvernement burkinabè a décrété un deuil national de trois jours et promis une riposte vigoureuse, sans pour autant rassurer une population de plus en plus exposée aux violences djihadistes. Le 4 octobre 2017, à la frontière malienne, quatre soldats américains et cinq militaires nigériens ont été tués dans une embuscade tendue par l’EIGS près du village de Tongo Tongo.

Le convoi militaire, qui effectuait une mission conjointe de reconnaissance, a été attaqué par une trentaine de combattants lourdement armés. Cette attaque a révélé les limites opérationnelles des forces nigériennes et l’influence croissante des groupes armés transfrontaliers. Elle a également mis à nu les risques élevés pour les armées locales et étrangères engagées dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Comme au Mali, l’absence de renseignement en temps réel et l’absence de renfort rapide ont été des facteurs aggravants dans ce drame.

Nord du Mozambique : l’offensive de Palma et le chaos humanitaire

En mars 2021, le groupe djihadiste Al-Shabab, affilié à l’État islamique, a lancé une attaque de grande ampleur contre la ville de Palma, dans la province de Cabo Delgado, au nord du Mozambique. Cette attaque, qui a duré plusieurs jours, a provoqué la mort de centaines de civils et forcé des milliers de personnes à fuir vers la brousse ou les villes voisines. Les infrastructures ont été détruites, et l’armée mozambicaine, mal équipée, a mis plusieurs jours à reprendre le contrôle partiel de la ville.

L’offensive a également ciblé les installations du méga-projet gazier de TotalEnergies, poussant l’entreprise à suspendre ses activités. À l’image des localités maliennes comme Dioura ou Boni, Palma est devenue le symbole de l’incapacité de l’État à protéger ses citoyens face à des groupes armés mieux organisés et plus mobiles.

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