
Dans le centre du Mali, les populations civiles de Diafarabé et Nouh Bozo, situées dans la région de Mopti, vivent un calvaire quotidien depuis l’instauration d’un blocus par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), affilié à Al-Qaïda. Coupées du reste du pays, privées de nourriture, de médicaments et d’assistance, ces localités subissent une punition collective imposée par les jihadistes en représailles à des exécutions sommaires perpétrées par les militaires maliens.
Les témoignages recueillis sur place révèlent une situation humanitaire alarmante et un sentiment d’abandon profond.
Un blocus meurtrier imposé par les jihadistes
Le 26 mai dernier, les jihadistes du Jnim ont décrété un blocus total autour de Diafarabé, en réponse à l’exécution de plus d’une vingtaine de civils par des militaires maliens sur le marché du village quelques jours plus tôt. Ces personnes, arrêtées sans arme, ont été égorgées. En réaction, les groupes armés ont coupé l’accès au village et interdit toute circulation de personnes ou de marchandises.
Depuis l’annonce du blocus, les stocks alimentaires se sont épuisés en quelques heures. L’huile, le riz, les denrées de base sont devenues introuvables. Les pharmacies sont à sec. Le désespoir s’accentue avec la prise d’otages : quatre personnes parties en quête de nourriture ont été interceptées par les jihadistes. Elles sont toujours détenues, selon les habitants. Les militaires maliens, bien que présents dans le village, n’auraient fourni aucune aide tangible. Cette situation nourrit la colère des populations qui se sentent abandonnées à leur sort.
Nouh Bozo, sous pression et menacé pour avoir résisté
À quelques kilomètres de là, le village de Nouh Bozo vit une situation similaire, doublée d’intimidations directes. Les jihadistes accusent ses habitants de soutenir l’armée malienne et leur demandent de rendre les armes et de signer un accord. Mais le village a refusé de pactiser. En représailles, le blocus est total, les tirs d’armes résonnent jour et nuit, et la famine fait ses premières victimes. Cinq personnes sont mortes faute de nourriture. On déplore encore des décès aujourd’hui. Des habitants sont malades et blessés, mais personne ne peut quitter le village.
Les habitants de Nouh Bozo s’interrogent : où sont les hélicoptères, les radars, les drones que le gouvernement affirme posséder ? Pourquoi ne servent-ils pas à protéger les civils ? Le sentiment d’abandon est criant. Leur seul souhait : recevoir des vivres et des médicaments pour survivre.