Mali : plus de 100 soldats tués à Boulikessi, le silence glaçant des autorités


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Drapeau du Mali
Drapeau du Mali

Une attaque meurtrière revendiquée par le Jnim a endeuillé le camp militaire de Boulikessi, au Mali, le 1er juin dernier. Plus de 100 soldats maliens auraient péri, selon des sources sécuritaires et des vidéos diffusées par les assaillants. Tandis que le silence officiel nourrit les soupçons, les familles et les observateurs réclament des réponses. Un drame qui révèle une stratégie de communication verrouillée et un climat d’insécurité persistant.

Le 1er juin, le camp militaire de Boulikessi, au centre du Mali, a fait l’objet d’une attaque d’une rare violence. Selon le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), affilié à al-Qaïda, plus de 100 militaires maliens ont été tués, 22 autres faits prisonniers, et un butin militaire conséquent emporté. Malgré l’ampleur du drame, les autorités maliennes gardent le silence sur le bilan réel. Une stratégie de communication qui soulève de nombreuses interrogations, alors que le pays vit une guerre de plus en plus meurtrière et opaque.

Un carnage confirmé par des sources locales

Plus de 100 soldats maliens tués, 22 autres capturés. Des chiffres effrayants que des sources sécuritaires locales ont confirmé, parlant de « plus de 90 corps ramassés » dans un premier temps, et de nouvelles dépouilles retrouvées par la suite. Certains supplétifs du groupe Wagner, habituellement stationnés dans la zone, figureraient aussi parmi les victimes.

Le Jnim n’a pas seulement frappé fort militairement, il a aussi mené une guerre psychologique. En plus des otages, des vidéos diffusées montrent l’étendue du matériel récupéré : armes, munitions, véhicules militaires. Ces images, diffusées à dessein, viennent affirmer la puissance du groupe jihadiste tout en humiliant l’État malien. Pour ces derniers, le silence devient une réponse stratégique. L’armée s’est contentée d’évoquer des soldats ayant « combattu jusqu’à leur dernier souffle », sans plus de détails. Aucune reconnaissance officielle du bilan n’a été communiquée.

La « doctrine du silence » : entre stratégie et déni

Depuis plusieurs années, les autorités maliennes ont adopté une ligne de communication strictement contrôlée sur les pertes militaires. L’objectif affiché : ne pas affaiblir le moral des troupes ni « faire le jeu de l’ennemi ». Pourtant, pour nombre de Maliens, ce mutisme officiel ressemble davantage à un camouflage de la réalité. D’autant que la précédente attaque sur le camp de Dioura, le 23 mai, qui aurait fait une quarantaine de morts, n’a même jamais été reconnue par les autorités. Une absence de transparence qui alimente le ressentiment et les soupçons.

Dans les rues de Bamako et des grandes villes maliennes, les réactions sont contrastées. Certains citoyens estiment qu’il revient à l’État de gérer discrètement les affaires militaires, sans exposer publiquement les pertes, au nom de la sécurité nationale. Mais d’autres, plus nombreux, commencent à dénoncer un régime qui se réfugie derrière un patriotisme de façade pour étouffer les voix critiques. Des familles de militaires morts réclament des explications, des hommages dignes, et surtout la vérité. Le droit de savoir ce qui arrive à leurs proches engagés sur le front.

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