
Le Mali est en proie à une nouvelle vague de violences djihadistes, marquée par une série d’attaques meurtrières et coordonnées qui frappent aussi bien les forces armées que les civils. Le point culminant de cette escalade s’est produit ce mercredi 4 juin 2025, lorsqu’un groupe armé terroriste a lancé une attaque contre la base militaire de Tessit, dans la région de Gao, au nord du pays. Bien que l’armée n’ait pas fourni de bilan précis, cet assaut s’inscrit dans une série d’attaques ayant frappé le pays au cours des derniers jours. Ce qui laisse présager une recrudescence de l’insécurité sur l’ensemble du territoire.
Une attaque significative dans un contexte d’escalade
Ce 4 juin, aux environs de 15 heures, des groupes armés terroristes ont visé l’« emprise » de Tessit, selon le communiqué de la Direction de l’information et des relations publiques des Armées (Dirpa). Située dans le cercle d’Ansongo, région stratégique de Gao, Tessit est une zone fréquemment ciblée par l’État islamique au Grand Sahara (EIGS). L’armée a immédiatement réagi en lançant des patrouilles aériennes, sans toutefois fournir de détails sur les pertes humaines ou matérielles.
Cette attaque, la quatrième en moins d’une semaine contre les Forces armées maliennes (FAMa), est une nouvelle preuve de l’intensification des offensives djihadistes dans le pays. Elle survient dans un climat d’insécurité grandissante et d’épuisement militaire, qui met à rude épreuve la capacité de réaction et de protection de l’armée malienne.
Une série d’assauts coordonnés contre les forces maliennes
Les jours précédant l’attaque de Tessit ont été marqués par plusieurs autres actions violentes contre les positions militaires maliennes. Le 30 mai, deux postes de sécurité situés à Tanabougou et Sirakorola, dans la région de Koulikoro au sud, ont été simultanément attaqués. L’armée affirme avoir repoussé les assaillants.
Le 1er juin, c’est le camp militaire de Boulkessi, dans la région centrale de Douentza, qui a été la cible d’un assaut revendiqué par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda. Les soldats ont opposé une résistance farouche avant de devoir se replier. Le communiqué de l’armée salue le courage des combattants, sans fournir de bilan humain, mais en insistant sur les sacrifices consentis pour défendre la patrie.
Panique dans le camp militaire de Tombouctou après l’assaut djihadiste
Le lendemain, 2 juin, Tombouctou, ville emblématique du nord du Mali, a été le théâtre d’une attaque d’envergure menée par le JNIM. Le camp militaire, l’aéroport ainsi que trois postes de contrôle ont été pris pour cibles. L’armée a revendiqué avoir neutralisé 14 terroristes et interpellé 31 autres. Toutefois, selon des témoignages locaux, plusieurs djihadistes auraient réussi à pénétrer dans le camp, provoquant la panique et entraînant la fermeture des établissements scolaires voisins.
Des enterrements discrets de soldats auraient eu lieu dans la nuit, ce qui laisse supposer des pertes dans les rangs de l’armée, bien que non officiellement reconnues. Face à cette menace, le gouvernorat de Tombouctou a renforcé le couvre-feu, désormais en vigueur de 21h à 6h, jusqu’à nouvel ordre. Ce durcissement témoigne d’un climat sécuritaire particulièrement tendu.
Frappe aérienne préventive et représailles terroristes
Le 3 juin, dans une tentative de reprendre l’initiative, l’armée malienne a mené une série de frappes aériennes contre des positions terroristes à Diafarabé (région de Mopti) et à Niagassadou (région de Douentza). L’état-major affirme que ces opérations ont désorganisé les plans ennemis et infligé de lourdes pertes.
Ces frappes interviennent dans un contexte humanitaire particulièrement préoccupant. À Diafarabé, un blocus imposé depuis le 26 mai par le JNIM asphyxie littéralement la population. Le groupe djihadiste y a instauré un embargo total après l’exécution de civils non armés sur le marché par des militaires maliens. En réaction, les djihadistes ont coupé l’accès au village, empêchant tout ravitaillement en nourriture ou médicaments. Plusieurs habitants sont morts de faim, et d’autres ont été enlevés alors qu’ils tentaient de chercher de quoi se nourrir.
À Nouh Bozo, village voisin, la situation est tout aussi dramatique. Refusant de coopérer avec les djihadistes, les habitants subissent un blocus total. Le village est la cible de tirs quotidiens, la famine fait des ravages, et l’absence totale de secours alimente un sentiment d’abandon profond. Des voix s’élèvent pour demander où sont les moyens aériens dont se vante l’État, et pourquoi ils ne sont pas utilisés pour sauver des vies civiles.