Mali : le groupe paramilitaire Wagner annonce la fin de sa mission


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Paramilitaires russes de Wagner
Paramilitaires russes de Wagner

Le groupe paramilitaire russe Wagner, a annoncé, ce vendredi 6 juin, la fin officielle de sa mission au Mali, près de trois ans après son déploiement controversé dans le pays en proie à une insécurité chronique.

Dans un communiqué relayé par le média russe Sputnik, l’organisation affirme avoir rempli ses objectifs militaires, notamment la reprise des principales villes du centre et du nord du Mali aux groupes djihadistes.

« Nous avons éliminé des milliers de terroristes et leurs commandants qui ont terrorisé la population civile pendant des années… Et nous avons accompli la tâche principale : toutes les capitales régionales sont revenues sous le contrôle des autorités légitimes. La mission est accomplie », peut-on lire dans le communiqué.

Un départ revendiqué comme une victoire

Depuis l’arrivée de Wagner au Mali en 2022, suite au départ progressif des forces françaises et européennes, le groupe s’est vu confier par les autorités de transition maliennes des missions de lutte antiterroriste. Le gouvernement de Bamako n’a jamais officiellement reconnu la présence de Wagner, préférant évoquer des « instructeurs russes » dans le cadre d’une coopération bilatérale avec Moscou.

Wagner, de son côté, a progressivement occupé le vide sécuritaire laissé par les forces étrangères, notamment dans les régions du centre et du nord, où les groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique continuent de sévir.

Le communiqué publié ce jour revendique des résultats spectaculaires, notamment la « neutralisation de milliers de terroristes » et la « restauration du contrôle des autorités légitimes sur toutes les capitales régionales » – une référence à des villes stratégiques comme Gao, Tombouctou ou encore Kidal.

Une mission controversée

Malgré ces déclarations triomphalistes, la présence de Wagner au Mali a été marquée par de nombreuses accusations de violations des droits humains. Des ONG locales et internationales ont documenté plusieurs cas de massacres de civils, de disparitions forcées et de recours disproportionnés à la violence, en particulier lors d’opérations menées conjointement avec les forces armées maliennes.

Le retrait de Wagner soulève donc autant de questions qu’il n’en résout. Certains observateurs redoutent un regain d’instabilité dans les zones où le groupe paramilitaire assurait une forme de contrôle militaire. D’autres s’interrogent sur les raisons réelles de ce départ : redéploiement vers d’autres théâtres d’opérations africains (comme le Niger ou la République centrafricaine), pressions diplomatiques ou difficultés logistiques liées à la réorganisation post-Prigojine du groupe.

Quelle suite pour la sécurité au Mali ?

La fin annoncée de la mission de Wagner intervient à un moment où la sous-région ouest-africaine est toujours secouée par une forte insécurité et une présence des groupes terroristes. La junte malienne, qui a renforcé ses liens avec la Russie, devra désormais compter sur ses propres capacités sécuritaires, appuyées par un contingent de soldats russes réguliers dont la présence s’est accrue depuis 2023.

Par ailleurs, ce départ pourrait relancer le débat sur la stratégie sécuritaire du gouvernement de transition. Le départ de Wagner, s’il est effectif, marquera en tout cas la fin d’une étape dans la reconfiguration du paysage sécuritaire sahélien, amorcée depuis le retrait des forces occidentales.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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